Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Grosse déception que ce livre, essai plutôt que biographie, du Starets. Même si l’auteur a pris en compte les recherches et découvertes les plus récentes de l’historiographie post-soviétique, ces apports, loin d’éclairer la figure de Gregori Efimovitch, ne font que brouiller un peu plus le portrait, pourtant déjà passablement trouble, d’un personnage fascinant, répugnant ou terrifiant, selon le point de vue où l’on se place.
Sans guère de continuité chronologique, Stumpf disserte sur ce qui lui apparaît comme les traits marquants de Raspoutine, espèce d’incarnation louche d’un type russe, ou sibérien, archétypal. S’interrogeant sur la sexualité supposée débridée du personnage, il se lance dans un exposé sur la prostitution dans la Russie de Nicolas II ; les beuveries du mage sont prétexte à parler de la lutte contre l’alcoolisme, et ainsi de suite, jusqu’à perdre de vue le héros du livre. Puis, c’est sans doute le plus intéressant de l’affaire, il analyse la fabrication du mythe Raspoutine et les causes de l’attraction internationale qu’il continue d’exercer, en atteste l’abondante production littéraire et cinématographique engendrée par le phénomène. Si ne s’y mêlaient des considérations politiques malveillantes sur le pouvoir actuel, le livre gagnerait toutefois certainement en crédibilité et en intérêt.
Les curieux désireux d’avoir de l’étrange conseiller impérial une autre vision pourront essayer de se procurer un ouvrage plus ancien, La confession de Raspoutine, de Paul Mourousy parue au Rocher en 1995. Cette biographie romancée mais parfaitement documentée, bien écrite, propose un portrait diamétralement opposé, tenant pour vrais les pouvoirs du starets et sa paradoxale « sainteté ». On en sort malgré tout troublé, et ému.