Dimanche, belle manifestation « pour la vie » à laquelle participaient 40000 personnes…Qui en représentent bien plus, nous le savons. Tout en marchant le long de ces belles avenues qui relient le lion de Belfort noblement couché sur la place Denfert-Rochereau au dôme doré des Invalides, nous goûtions la relative douceur du temps comme la belle humeur des manifestants, qui paraissaient heureux de commencer une nouvelle année de cortèges ; les argousins embusqués dans les transversales se faisaient discrets, assurés qu’ils étaient de passer un après-midi tranquille…Et pourtant les calicots et les pancartes nous rappelaient en grosses lettres à une triste réalité : nous sommes d’un pays où on tue 225 000 bébés par an dans le sein de leur mère, gouverné par des gens qui veulent ériger ce massacre en imprescriptible droit de la femme, et qui préparent une sinistre loi hypocritement parée de l’argument « mourir dans la dignité » ! Cet athéisme d’Etat militant appelé improprement « laïcité », ce mépris pour la vie, cette insultante arrogance qui dégouline des débats publics, des colonnes des journaux stipendiés, et des déclarations gouvernementales, l’indifférence de nombre de nos compatriotes, tout cela composerait un tableau désespérant, s’il n’y avait la petite espérance, vous savez, celle qui étonne Dieu lui-même !
Or, cette petite espérance prend parfois des détours inattendus pour se manifester : hier, elle chantait par la voix de nos amis Espagnols venus avec Mgr Juan Antonio Reig Plá, évêque de Alcala de Henares, président de la commission Famille et Vie de la conférence épiscopale espagnole. Tout au long de l’après-midi, de fraternels « Viva España » ont fusé du cortège, lançant un pont par-dessus les Pyrénées pour les hommes de bonne volonté des deux côtés.
Et puis, venant de l’autre bout de l’Europe, voici une autre lueur : connaissez-vous la profession de Foi nationale qui prélude à la Loi fondamentale de la Hongrie ? Elle commence ainsi : « Isten, aldd me a maggyart ! Bénis les Hongrois, ô Seigneur ! ». Vous imaginez la figure « moisie » des fonctionnaires européens à cette lecture, et à ce qui suit ? Car les législateurs magyars n’en restent pas là comme les américains avec leur « in God we trust » inscrit sur les billets de banque ! Jugez-en plutôt par ce petit florilège :
« Nous sommes fiers que notre roi Saint Etienne ait placé l’Etat hongrois sur des fondations solides en faisant entrer notre patrie dans l’Europe chrétienne ». « Nous reconnaissons la vertu unificatrice de la chrétienté pour notre nation. Nous respectons les différentes traditions religieuses de notre pays ». « Nous affirmons que les cadres essentiels de notre vie en communauté sont la famille et la nation et que les valeurs fondamentales de notre unité sont la fidélité, la foi et l’amour » « Nous affirmons notre devoir d’aider les pauvres et les démunis ».
Vous imaginez une constitution française célébrer le souvenir de Saint Louis et rendre hommage au socle familial de la nation ? De quoi faire baver de rage Voltaire et Rousseau dans leurs sépulcres ! Les Hongrois ont osé, eux ; pourquoi pas nous, un jour ? Que voulez-vous, l’espérance a l’air d’une folle quelquefois, mais elle a défilé avec nous hier, et il y a des folies sublimes…