De sa naissance à Saint-Pétersbourg (1861) à sa mort à Gottingen (1937), Lou von Salomé, devenue Lou Andreas Salomé par un mariage – non consommé –, fut un esprit trop libre pour une époque rétive à l’émancipation des femmes. Romancière, essayiste, psychanaliste, dévorée par sa soif de connaissance, égérie de Freud, inspiratrice de Nietzsche et muse de Rainer Maria Rilke, elle rêve d’un cabinet de travail formant un cénacle à la fois « gai et sérieux ». Chez les hommes de pensée, Lou préfère la pensée ; quant aux sentiments, sa devise : « rester à jamais étranger à l’autre dans une éternelle proximité, telle est la loi la plus profonde de l’amour ». Trop libre, trop de jardins secrets, trop de visages. Mystérieuse Lou qui étiez-vous ? Une certitude : elle aura captivé les figures intellectuelles de son temps par l’acuité de son intelligence et su révéler certains à eux-mêmes, comme Rilke et Nietzsche. La mise en scène d’Anne Bouvier portée par l’excellence des deux comédiennes, Geneviève Dautun pour la lecture des correspondances, charpente du spectacle, et Sylvia Roux, incandescente dans le rôle de Lou, fait ressortir tout en délicatesse les fulgurances d’un parcours de vie hors du commun.

Cantate pour Lou von Salomé. Mise en scène Anne Bouvier, avec Bérengère Dautun et Sylvia Roux.

Théâtre Hébertot, 78 bis avenue des Batignolles, 75017 Paris. Réservation : 01 43 87 23 23