Un pays, riche de son pétrole, piégé à la fois par son économie de rente et par son socialisme d’État. Quand le cours du pétrole est élevé, on prétend faire du social ! Chavez, puis Maduro distribuaient largement les produits de la rente qui permettaient d’importer à tour de bras. Mais dès lors que le cours du pétrole s’effondre (96% des exportations), les recettes du pays suivent la même tendance.
Le pays n’a pas su se diversifier ni s’affranchir des pièges de la rente ; la pénurie est là : files d’attente, manque de produits de base, un petit air d’URSS avec l’inflation en plus, autour de 1600% en 2017, le rationnement enfin, médicaments, énergie. Autant d’ingrédients propices aux émeutes et aux pillages. À cette crise quasi permanente s’ajoute une impasse institutionnelle puisque l’opposition est majoritaire à l’assemblée. Maduro est très impopulaire ; 75% des habitants désapprouvent le chef de l’État, surtout à cause de la féroce répression qui a déjà fait plus de 120 morts. Le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uraguay) a exclu le Venezuela de ses rangs et les USA, par la voix de Trump, ont menacé « le tyran » accusé de « rupture démocratique » après la suspension du référendum et la mise en place d’une assemblée constituante à la botte de Maduro. Donald Trump n’a pas exclu une possible option militaire, ce qui ne semble pas déplaire à la clique madurienne ; le ministre Ernesto Villegas a dénoncé « la menace la plus grave et la plus insolente jamais proférée contre la patrie de Simon Bolivar ». Depuis la tentative de coup d’État ratée de 2002, le gouvernement chaviste n’a cessé de dénoncer les visées de « l’empire » sur les réserves pétrolières du Venezuela. Une rhétorique qui perdure quoiqu’elle date des années 60 avec son vieux parfum castriste… Mais, aussi bien, le pape de l’Église catholique l’utilise-t-il, lui aussi. Le pape argentin était, en effet, proche de Maduro ; en 2016, il lui accorda sa bénédiction et se montra fort critique avec D. Trump, une partialité qui a agité les milieux du Vatican et l’Église du Venezuela.
Selon Maduro, les Américains en raison de la guerre économique qu’ils mènent contre son pays, sont les seuls responsables de la grave crise que traverse le Venezuela. Sauf que les Etats-Unis continuent d’importer 740 000 barils de brut vénézuélien par jour… Toujours cette odeur persistante de pétrole !