En Asie, ce n’est certes pas la fin de l’histoire souhaitée par le nippo-américain Fukuyama ! Voilà que la menace nucléaire redonne à la région les couleurs de l’avant-guerre, seconde du nom ! Celle qui est présentée par les historiens comme ayant commencé en 1937 en Chine ! Le Japon qui n’a pas droit théoriquement à l’arme nucléaire possède des matières fissiles et réarme puissamment ; il devrait dépasser les 1% de PIB consacré à sa défense, chiffre tenu pour moralement indépassable depuis 1945 !
Donald Trump renoue avec la politique du Big Stick si chère aux Yankees, en l’occurrence un bouclier antimissile THAAD destiné à contrer la menace coréenne, au grand dam des chinois qui y voient une menace pour leurs propres capacités balistiques. Ainsi cette péninsule divisée par la guerre inachevée pourrait-elle mettre fin à cet inachèvement par la guerre ! Il faut espérer que non, mais déjà six essais nucléaires depuis 2006 pour la Corée du Nord ! Le pays possède des missiles à courte portée qui pourraient atteindre sans difficulté l’aéroport de Séoul qui se trouve à moins de 60 km de la zone démilitarisée ; plus grave encore, Tokyo et Osaka pourraient être touchées par des missiles à moyenne portée. Curieux paradoxe du nucléaire qui assure la survie du régime du Nord : on se souvient que Mac Arthur aurait voulu que l’Amérique utilisât l’arme nucléaire au nord, devant l’afflux des volontaires chinois venus au secours de leurs frères communistes coréens. Washington l’écarta promptement et ce fut le retour au statu quo ante. La mer jaune est ici un enjeu décisif ; le transport maritime approvisionne la Chine et la Russie ; les seules importations chinoises de minerais y représentent dix fois le trafic de Panama ; on peut imaginer les conséquences économiques mondiales d’une guerre locale. On comprend l’esprit de modération des Chinois qui ont néanmoins intérêt à la conservation du régime. Ils n’ont aucune envie d’avoir une Corée capitaliste qui se développerait à la frontière mandchoue tandis que les Américains de leur côté apprécient, sans le dire, les provocations de Kim qui fournissent un prétexte à leur présence militaire : 30 000 militaires à Pusan au sud de la péninsule. On oublie sans doute que Pam Mun Jon fut et demeure un armistice, signé le 27 juillet 1953 par le grand-père du Kim Jong Un, Kim Il Sung ; et l’armistice n‘est pas la paix !