Les Catalans qui ont voté se sont donc prononcés pour le saut dans l’inconnu. Peut-on parler de référendum ? Rien n’est moins sûr et le chaos qui l’a accompagné fait peser des doutes sur sa validité ; beaucoup parlent de coup d’État.
La presse espagnole ne s’y est pas trompée ; ainsi le quotidien monarchiste ABC : au lendemain du “référendum raté” du dimanche 1er octobre 2017 sur l’indépendance de la Catalogne, il expliquait que les “conditions légales du scrutin n’ont jamais existé”, et que les Catalans qui se sont rassemblés la veille pour voter ont fait acte d’une “désobéissance ouverte aux tribunaux”. Les dirigeants Catalans s’étaient distingués par leur immigrationisme forcené, le préférant, disaient-t-ils même, à l’invasion touristique. Cette inconséquence se heurta au réel sous la forme des attentats de la Ramblas et de Cambrils. Cet esprit d’inconséquence se poursuit avec l’aventure sécessionniste. Elle plaît à l’oligarchie de Bruxelles qui n’a de cesse d’avoir en face d’elle des États nationaux affaiblis pour mieux dialoguer avec les régions. Ainsi l’aventure catalane est-elle prototypique de cette Europe des « länder » qui se profile : gêne apparente de Juncker ! Néanmoins si la Catalogne quitte l’Espagne, elle ne fera pas instantanément partie de l’Europe ; une procédure d’intégration devrait être alors mise en place à l’instar de ce qui était prévu pour l’Écosse. L’effet domino pourrait d’ailleurs jouer avec des conséquences imprévisibles. C’est la région la plus riche d’Espagne avec un PIB de 212 mds d’euros, l’équivalent de celui du Portugal ou de la Grèce. Quant à l’Espagne, actuellement 13e puissance économique mondiale avec un PIB de 1 114 milliards d’euros en 2016, elle n’en revendiquerait plus que 902 milliards, dépassée par l’Australie, le Mexique et l’Indonésie ! Et puis l’Espagne est une vieille nation, unie depuis plus de cinq siècles. Le Roi Philippe VI l’a rappelé avec beaucoup de force : il est le garant de la pérennité de l’Espagne.
Rien n’est encore joué. Les entreprises et les banques quittent la Catalogne. Les Catalans ont beaucoup à perdre à toute tentative de sécession. Ils descendent dans la rue pour dire non à une déclaration unilatérale.