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Le fleuve guillotine, remarquable premier roman

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Le jeune Jean de Pierrebelle, gentilhomme forezien et « chevalier du poignard », censément accouru à Paris afin de défendre Louis XVI, a passé la nuit du 10 août 1792 à se pinter dans un troquet. Ce précoce penchant pour la dive bouteille lui a épargné de finir comme son aîné, Charles, dépecé sans gloire par la foule et la tête au bout d’une pique à l’heure où sombrait la monarchie …

Partagé entre l’horreur et la honte, le garçon est allé noyer ses remords dans le troisième fleuve lyonnais : le beaujolais qui coule à flots chez son cousin Irénée Conche, riche négociant en soies. Mais la Révolution étend désormais ses serres sur la France entière. Bientôt, Lyon la fédéraliste se rebelle contre les excès de Paris. Dissimulant leur cocarde blanche, des officiers royalistes, à la suite du comte de Précy, prennent la tête de l’insurrection.

Parmi eux, le marquis du Torbeil, beau-frère de Jean. Tandis que ses frères, l’abbé Barthélemy, prêtre réfractaire rêvant au martyre, et Camille, adolescent en quête d’amour et de victoires, se lancent sans hésitation dans le combat, Jean se décidera-t-il à dessaouler avant qu’il soit trop tard ?

Si l’on se souvient du soulèvement lyonnais, achevé tragiquement, après un siège féroce, aux dernières semaines de 1793, qui garde mémoire de l’odyssée cruelle et vaine des gentilshommes du Forez et des Chasseurs noirs du Velay, qui, à l’heure où les armées de la Convention encerclaient Lyon prise au piège, affamée, tentèrent de desserrer l’étreinte mortelle de la République ? Et en moururent ?

Antoine de Meaux compte parmi ses ancêtres quelques-uns de ces héros malheureux auxquels tout manqua, même l’Histoire. Son premier roman, hommage à ces oubliés de l’épopée contre-révolutionnaire, se révèle chef d’œuvre d’intelligence, de compréhension des événements et des mentalités.

Écrit d’une plume brillante, avec un sens sûr de l’image et du détail qui révèle, implacable, la banale horreur de la vie quotidienne sous la Terreur, mettant en scène des personnages véridiques qui ne sont jamais des héros de roman mais des gens ordinaires confrontés à des situations qui ne le sont pas, Le Fleuve Guillotine offre un prodigieux et terrifiant tableau d’un monde qui meurt et d’un monde qui naît parmi des flots de sang. Voués pareillement à finir « mangés par les démons sortis de ces années originelles. » Remarquable !

Antoine de Meaux, Le Fleuve Guillotine, Phébus, 450 pages, 23 €.

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