Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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C’est un livre qu’on dévore et qui empêche de dormir car il frappe vrai. Nous sommes rivés à notre siège, à oublier tout ce qui n’est pas Guerilla, du nom que se donne à la dernière page une petite survivante métisse, debout parmi les ruines et les morts.
Avant cette ultime scène, l’auteur, en une narration tournoyante et vertigineuse, nous emmène partout en France, une France en proie aux convulsions de la guerre civile, destructions, pillages, viols, meurtres, massacres.
Sans autre avant-propos que la sobre dédicace « A ceux qui n’ont pas compris », le récit précipite d’emblée le lecteur dans la violence extrême : une « bavure » policière à la Courneuve un soir à 17h.
Une patrouille qui se termine par la mort de six « jeunes », et tout s’embrase dans la cité, mais aussi un peu partout dans Paris, et aussi en province ; en quelques heures, les incendies se propagent, les émeutes et les massacres se multiplient.
Par courtes séquences focalisant sur un lieu donné du territoire français, Obertone nous fait vivre le fatal parcours de personnages multiples, terroristes de base, militants d’extrême gauche, hommes, femmes, enfants victimes expiatoires de la subversion islamique : c’est Daesh en France avec toute sa sauvagerie et son fanatisme, avec, dans son sillage, la lie opportuniste des zones de non-droit ; nous assistons également aux dernières palinodies de la presse institutionnelle et bien-pensante, vite apeurée et lâche jusqu’à la fin, la classe politique immédiatement dépassée, jusqu’au Président lui-même, grotesque caricature qui ne surprend guère…
La double dynamique de l’Islam dénoncée dans ses chroniques par Eric Zemmour est ici illustrée de manière saisissante : la stratégie de délitement à long terme des Frères Musulmans est rattrapée et dépassée par la radicalisation extrême: ce qui nous vaut la description jubilatoire des « états d’imam » d’un notable jusqu’alors influent, balayé par la tempête salafiste !
Nous sommes captivés, et atterrés, car en même temps, rien ne nous surprend vraiment, tellement l’enchaînement tragique tire en toute vraisemblance son origine des éléments que, hélas, nous ne connaissons que trop bien : l’art de notre auteur consiste à allumer la mèche qui mène au mélange détonnant que les élites ont laissé lâchement s’accumuler ; et tout se déroule selon un terrifiante logique ; on se prend toutefois à regretter que la résistance décrite soit si faible et si dispersée, mais on ne sait pas vraiment si c’est à tort ou à raison…
Enfin, et nous l’énonçons comme un compliment, les fidèles lecteurs de Jean Raspail verront au fil de ce livre étonnant, que Obertone rend un hommage transparent à l’auteur du Camp des Saints, de Septentrion, des Sept Cavaliers…
Ce livre, au grand dam de ceux dont « Guerilla » décrit le naufrage, est d’ores et déjà un très gros succès de librairie ; en le refermant, beaucoup doivent se demander avec angoisse : est-il déjà si tard ?
Guerilla. Le jour où tout s’embrasa, de Laurent Obertone, éditions Ring, 415 p., 19,95 euros.