Civilisation

L’éducation sentimentale
De Gustave Flaubert. Mise en scène et interprétation Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Adaptation et mise en scène Pierre-Olivier Mornas. Avec Alice d’Arceaux et Pierre-Olivier Mornas.
Écrit entre 1830 et 1846, ce chef-d’œuvre de Balzac composé de trente-cinq saynètes offre une peinture saisissante de la société française du XIXe siècle à travers le prisme du mariage. Pierre-Olivier Mornas le met en lumière dans son adaptation en présentant les deux archétypes des conjoints : le mari, Adolphe (Pierre-Olivier Mornas), et l’épouse, Caroline, incarnée par Alice d’Arceaux. Les deux époux vont arpenter le chemin qui mène de la promesse du bonheur aux misères conjugales en faisant l’expérience de leurs incompréhensions mutuelles faites de frustrations, petites mesquineries et grandes désillusions. Scrutateurs amusés de « la plus téméraire des entreprises », nous assistons à une symphonie guerrière entre un mari austère et misogyne et une épouse qui, bien que réduite à l’un des « plus jolis joujoux que l’industrie sociale ait inventé », exaspérante et très « jésuite », sait suivre son époux là où elle veut le mener. Cette association de petits monstres que constitue ce couple questionne : qui manipule qui ? lequel assassinera l’autre ? Et si l’amour, dans ce délicat périple, commençait une fois qu’on n’est plus amoureux ? La réponse, vous la trouverez au Théâtre de Poche. La mise en scène de Pierre-Olivier Mornas, fidèle à l’esprit du texte, entre profondeur et légèreté, proche du théâtre de Feydeau, pointe deux visions du mariage où l’homme est libre d’agir et la femme de n’avoir qu’un seul droit, celui de rendre des comptes à son mari. Le duo de comédiens bien accordés, entre tendresse et humour mordant, nous invite à plonger dans les subtilités de l’amour et la complexité du mariage où, dans le cadre très restrictif du XIXe siècle, la femme cherchait sa place.
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