Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Les bons romanciers se font rares, les nouvellistes aussi. Plus rares encore ceux qui, renonçant à attirer l’attention bienveillante d’une presse définitivement acquise à toutes les turpitudes de nos dérives sociétales et soumise à la bien pensance obligatoire, osent dire haut et fort que le monde actuel marche sur la tête et que tout y va de mal en pis.
Cyril Farret d’Astiès l’ose. En huit nouvelles, bien écrites, bien pensées surtout, férocement lucides en même temps qu’empreintes d’une charité vraie, il souligne l’insondable démence du monde qui nous entoure et l’incroyable triomphe de l’inversion des valeurs. Voilà quelques années encore, l’on aurait ri si quelque amateur de politique fiction avait osé imaginer le dixième des situations délirantes, ubuesques et féroces mises en scène dans ces pages. Or, tout y est vrai. L’incroyable univers dans lequel se meuvent les personnages, c’est le nôtre. Et, sauf exception, chacun semble s’en accommoder.
Vous croiserez au hasard de ces pages, souvent jubilatoires, un « Président normal » qu’un fâcheux accident de vélomoteur, « à l’heure du laitier », met dans une situation impossible ; un étudiant de Sciences-Po aux dents très longues et à l’avenir très court ; un paysan gersois décidé à purger son village d’une curiosité médiatique insupportable et insultante ; une militante socialiste qui, s’étant préparée un avenir de cauchemar, est tout étonnée de le rencontrer ; un survivaliste américain victime des cacahuètes et, surtout, Zosime II, ce pape africain si longuement espéré par les donneurs de leçons athées de la planète entière mais qui ne correspond pas du tout à ce que la gouvernance mondiale attendait de lui …
Face à ce délire généralisé, reste Dieu, et sa Providence. En attendant le miracle, qui finira bien par arriver, et peut-être plus tôt que nous le croyons, lisez Cyril Farret d’Astiès. Il n’a pas son pareil pour dégonfler les baudruches idéologiques et vous ramener à l’essentiel : « l’omelette aux cèpes et la dalmatique espagnole. »
Zosime aux liens et autres nouvelles du monde comme il va, de Cyril Farret d’Astiès, Via Romana, 231 p., 19 €.