La proposition de loi sur l’aide à mourir est déjà perverse en soi, bien sûr, puisqu’elle propose de délivrer un permis de tuer son prochain, sous certaines conditions, il est vrai. Il est nécessaire pour poser sa candidature au grand passage d’être majeur, Français, « d’être atteint d’une affection grave et incurable, de présenter une souffrance physique ou psychologique constante […] réfractaire aux traitements […] d’être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée ».
La demande est examinée par un « collège pluriprofessionnel », mais la décision est prise in fine par le médecin qui a réuni ce collège, le docteur Thanatos, en somme ; un homme seul, dont la vocation est en principe de soigner et de guérir, dispose de la vie ou de la mort d’un être humain.
Certains estiment pourtant que cela n’est qu’une première étape, et que cette loi, si elle est adoptée, doit évoluer pour élargir le cercle des « éligibles », notamment. Ainsi, la mirobolante Sandrine Rousseau a déjà fait savoir qu’elle « appelait à plus d’humanité » en ouvrant le « bénéfice » de la future loi aux étrangers résidant en France. Le sinistre docteur Touraine, quant à lui affirme que cette loi n’est qu’un début et que « nous avons mis le pied dans la porte ». On voit bien qu’il pense au modèle de nos voisins belges et hollandais, et canadiens : il envisage, selon ses propres dires et comme ses frères du Grand Orient de France, l’euthanasie pour les handicapés, les enfants, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer…
Et pourquoi, sur ce bon chemin, ne pas offrir ses services aux déprimés, aux handicapés physiques et mentaux, aux schizophrènes profonds… Attention, nous approchons tout doucement du haut du toboggan qui fait glisser de plus en plus vite vers un autre modèle, le modèle nazi et sa « mort miséricordieuse » ! Ne négligeons pas dans nos réflexions la composante financière de la question : il y a des économies à faire pour notre système de santé défaillant et de l’argent à gagner pour les laboratoires pharmaceutiques…
Vincent Lambert est mort de soif le 11 juillet 2019
La loi sur la fin de vie dans sa version actuelle comporte, nous l’avons dit, encore quelques garde-fous, dont l’obligation de respecter la « volonté libre et éclairée » du patient. Mais que veut dire, dans la détresse, et dans un environnement doucereux qui peut-être oriente et sollicite, « une volonté libre et éclairée » ? Qui est capable d’évaluer la liberté et la lucidité de quelqu’un qui souffre et qui mentalement est en situation de faiblesse ? Est-on absolument sûr de tout le personnel qui entoure nos malades ? Souvenons-nous de Vincent Lambert, qui, malgré son état « pauci-relationnel » était capable de manifester sa volonté de vivre ; il avait résisté à trente jours de jeûne infligés dans un premier essai d’exécution ; à la suite d’une décision « collégiale », et malgré l’avis de ses propres parents, il est mort de soif le 11 juillet 2019 dans sa chambre-prison du CHU de Reims. Nos élus feraient bien de méditer sur les étapes de ce tragique et honteux épisode qui préfigure un sombre avenir.
Que dire enfin du silence assourdissant observé par nos prêtres et nos évêques, malgré quelques notables exceptions ; comme d’habitude, tout au long de la triste dégringolade anthropologique des dernières décennies, ce sont surtout des laïcs de bonne volonté qui réagissent et sauvent l’honneur, avec la fondation Lejeune, le syndicat de la Famille, l’Alliance Vita, VIA, l’ECLJ , pour ne citer qu’eux. Ne perdons pas espoir pourtant : le processus législatif n’a franchi qu’une première étape, il nous reste un peu de temps pour nous réveiller et alerter nos élus, amis et voisins sur la dangereuse perversité de cette proposition de loi.