La démocratie gagne, gagne partout. C’est extraordinaire.
Finies les discriminations humiliantes. La démocratie gagne dans des coins où on ne l’attendait pas. Elle gagne même dans les arts où naguère régnait une affreuse hiérarchie. En littérature, régnait une odieuse aristocratie. Il y avait en haut les Proust, les Montherlant et en bas, les Delly et Max du Veuzit que des lettrés (en voilà de drôles, ceux-là !) considéraient comme réservés aux midinettes (voyez le terme de mépris !). Aujourd’hui, les romances, les thrillers écrits à l’intelligence artificielle, riches en clichés et en lieux communs, ont justement droit au respect. S’il existe encore une hiérarchie, ce n’est plus celle fondée sur la qualité (la qualité !), mais celle qui repose sur la quantité, chiffrable, mesurable, scientifique, indiscutable, incontournable. Un écrivain important (ne parlez plus, s’il vous plaît, de grand écrivain !) est celui qui fabrique des livres d’au moins 400 pages et qui en vend beaucoup, beaucoup, énormément, des dizaines, des centaines de milliers.
La même chose se produit en musique. Naguère, on distinguait la musique classique et les variétés (encore un terme de mépris !). Certes, Mozart et Ravel ont vendu beaucoup de disques, mais Mickaël Jackson et Beyoncé, ce n’est pas mal non plus. Désormais tout est musique. Même les râpeurs ont droit à ce titre.
Un seul milieu ne connaît pas encore cet égalitarisme, c’est celui des médias. Il y a d’un côté les bons, les bienfaisants, les médias de ceux qui savent, les démocrates ; et de l’autre, les malfaisants, les fachos, les idiots, les complotistes, les fabricants de mensonges, financés par des milliardaires (milliardaires, c’est tout dire !). Cette disparité doit disparaître, elle ne doit plus exister, il va falloir éradiquer les malfaisants. C’est ça la démocratie. Vive la démocratie !