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Une fresque sensible de la Résistance italienne

Avec L’automne de Nicola, troisième tome de la série Les Quatre Saisons de la Résistance, le scénariste Marco F. Ascari et le dessinateur Baldazzini poursuivent avec brio leur reconstitution de l’histoire complexe et méconnue de la Résistance italienne.

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Une fresque sensible de la Résistance italienne

Cette bande dessinée s’impose comme une contribution majeure à la mémoire de la lutte antifasciste, en mêlant rigueur historique, narration sensible et pureté graphique. Ce nouvel épisode nous transporte entre septembre et décembre 1944, au cœur de la République partisane de MonteHorino, une zone temporairement libérée où les partisans parvinrent, dans le sillage du recul nazi et fasciste, à instaurer une forme d’autogouvernement démocratique. Loin des clichés habituels sur la Résistance – souvent réduite à des figures héroïques monolithiques – Ascari choisit d’en restituer la réalité humaine, contradictoire, traversée de dilemmes moraux, d’élans d’espoir, mais aussi de trahisons.

L’un des mérites les plus remarquables de cet album réside dans la qualité de sa documentation. Loin d’une simple fiction à costume, L’automne de Nicola se lit comme un travail d’historien à part entière, capable de faire revivre une page oubliée de l’histoire italienne avec précision et émotion. Le récit met en lumière les tensions internes au mouvement de résistance, les difficultés de l’attente face à l’incertitude de l’intervention alliée, et la fragile parenthèse démocratique qu’incarna MonteHorino. Le dessin de Baldazzini, connu pour ses travaux dans le registre érotique, surprend ici par sa sobriété et son élégance. Sa ligne claire, d’une grande pureté, s’efface devant le récit sans jamais le desservir, révélant une facette plus intime de son talent.

Cette œuvre profondément littéraire – au sens où elle assume une ambition de forme, de fond et de sens – marque un tournant dans le parcours de ses auteurs. Le dossier historique qui clôture l’album renforce encore cette impression d’un travail pédagogique exigeant, mais jamais pesant. Avec Les Quatre Saisons de la Résistance, Ascari et Baldazzini signent une série qui, tome après tome, s’impose comme une œuvre de mémoire et de transmission. Une réussite à la croisée du documentaire et du roman graphique, qui prouve, une fois de plus, que la bande dessinée peut être un art majeur.

 

Ascari et Baldazzini, L’automne de Nicola. Les 4 saisons de la Résistance, t. 3. Fordis, 2025, 112 p., 24 €

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