- Empty reserved chairs are marked before a hearing before the House Judiciary Committee on Capitol Hill in Washington D.C., the United States, March 1, 2016.
The U.S. FBI and tech giant Apple faced off at a congressional hearing on Tuesday over hacking into the encrypted iPhone of a terrorist killer. (Xinhua/Yin Bogu)/CHINENOUVELLE_0103.USA.009/Credit:CHINE NOUVELLE/SIPA/1603021947
Le générique – dont il faudrait changer la musique – se termine, les chroniqueurs, bien poudrés, sont sur le plateau et l’émission commence. Avouons-le, le sommaire n’est pas des plus enthousiasmants. Ali Baddou l’égrène comme à son habitude : Apple contre le FBI, reportage sur Bruno Julliard, premier adjoint du maire de Paris Anne Hidalgo, portrait d’Iris Apfel, une « modeuse » de 94 ans… Sans oublier la nouvelle chronique du Supplément, « Q/R », censée présenter les enjeux de la campagne présidentielle. Trois mots sur NKM, quatre sur Stéphane Le Foll et cinq sur Juppé. On s’endort lentement jusqu’à ce qu’une agréable surprise sorte le téléspectateur de sa torpeur.
Comme souvent, le premier reportage est consacré à l’étranger. Destination les États-Unis. En effet, les Américains assistent en ce moment à un combat de géants qui oppose la firme Apple au FBI. Excellent synopsis.
En résumé, l’affaire est la suivante : les smartphones commercialisés par la marque de feu Steve Jobs sont inviolables. Une fois éteint, personne, en dehors de son propriétaire, ne peut accéder au contenu de l’appareil, même s’il s’agit d’un technicien d’Apple. Or, le FBI enquête sur l’attentat de San Bernardino du 2 décembre 2015. Ses agents sont en possession de l’Iphone d’un des auteurs de l’attaque et veulent contraindre Apple à lire les informations qui sont dedans. Refus catégorique de l’entreprise qui s’appuie sur « la défense de la vie privée ». Argument éthique et publicité commerciale. Nous sommes bien aux Etats-Unis.
Pour permettre au FBI d’ « entrer » dans l’Iphone, Apple devrait installer des « backdoors » sur ses smartphones, c’est à dire des failles volontaires de sécurité. Mais, même contrôlée et divulguée uniquement aux autorités policières et judiciaires, la « backdoor » finirait par être trouvée par des hackers. C’est ce qu’expliquent les experts en sécurité informatique qui sont nombreux à donner raison à Apple. Autre argument en faveur de la marque à la pomme : la plupart des criminels et terroristes ne se servent, en général, que de téléphones pré-payés et intraçables, ce que ne sont pas les Iphones. L’affaire est entendue en ce moment-même par les plus hautes autorités américaines, en particulier par la Cour suprême, qui n’a pas encore tranché en faveur d’un camp ou de l’autre.
En France, ce combat trouve aussi un écho. Non pas par la voix d’un agent de la DGSE mais par celle d’un simple député PS, Yann Galut. Rappelons, au préalable, ses coups d’éclats. L’élu de la troisième circonscription du Cher tente, comme il peut, de sortir de l’anonymat depuis 1997. Fondation d’un comité Attac à l’Assemblée nationale, promotion du Pacs, proposition de loi visant à taxer les gains de jeux de hasard ou d’une autre visant à déchoir de la nationalité les exilés fiscaux – en pleine affaire Depardieu – alors qu’il s’oppose, aujourd’hui, à la déchéance de nationalité pour les auteurs d’actes terroristes. Nous sommes bien en France.
Cette fois, Yann Galut a déposé un amendement pour imposer jusqu’à 1 million d’euros d’amende aux entreprises qui, comme Apple, refuserait de fournir un accès aux données des téléphones qu’ils commercialisent. Le tout, en prononçant un discours grandiloquent devant une Assemblée nationale copieusement garnie d’une vingtaine d’élus. Réponse du ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas : ramasse tes billes et va faire du bruit ailleurs.
Il est curieux que la rédaction du Supplément ne soit pas allée à la rencontre d’Eric Ciotti qui a déposé peu ou prou le même amendement que son collègue. Le député des Républicains avait pourtant mis la barre encore plus haut que le député socialiste : il proposait non pas un mais deux millions d’euros d’amende et, en plus, une interdiction d’un an de la commercialisation des produits des entreprises, comme Apple, refusant de coopérer. Rendons-leur grâce d’avoir épargné une publicité au téléspectateur. Après Yann Galut, c’eut été la touche de trop. Quand il y a un politique, ça va encore. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.