Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Quel rapport entre la disparition de Cheyenne Skinner, adolescente révoltée jamais revenue de la soirée branchée où elle s’était rendue en cachette, et la série d’assassinats accompagnés de tortures qui frappe des pédophiles condamnés ? En apparence, aucun. Sauf à supposer que le père de Cheyenne, l’un des plus dangereux truands de Grande-Bretagne, ne faisant pas confiance à la police, ait décidé, pour retrouver sa fille unique et adorée, d’employer ses propres méthodes … Et, surtout, de quitter l’exil ensoleillé d’où il gérait ses affaires. Mettre la main sur Skinner vaut bien de laisser trucider des pervers.
Cela, ses supérieurs ont omis de l’expliquer à Maeve Kerrigan, encore auréolée de ses premiers succès mais toujours regardée de haut par des collègues qui n’aiment ni les femmes, ni les Irlandais, ni les catholiques. Seulement, le jeu cynique ne tarde pas à déraper. Tandis que Skinner massacre au hasard, les vrais coupables de l’enlèvement de Cheyenne, une gamine qui trichait sur son âge, courent toujours. Et ils n’en sont pas à leur coup d’essai. Bientôt, Maeve elle-même se retrouve sur leur liste de proies potentielles.
Revoici Maeve Kerrigan, la brillante jeune inspectrice de la PJ de Londres toujours confrontée aux comportements déplacés de ses collègues masculins. Ce second opus de ses aventures prouve que Jane Casey maîtrise à la perfection sa technique : intrigue à tiroirs, glauque à souhait, personnages complexes, inattendus, attachants, une héroïne tiraillée entre un métier qui la passionne et ses sentiments refoulés pour le séduisant lieutenant Langton. La romancière irlandaise démontre qu’elle a tout pour devenir une grande, très grande dame du polar.
Dernier Jugement, de Jane Casey, 10-18, 620 p., 9,30 euros.
La découverte d’un inédit, ou supposé tel, de Dumas, est un événement. La mise au jour, en 2013, grâce à un universitaire italien, d’une nouvelle parue en 1860 dans L’Independente de Naples, feuille fondée par Dumas quand il soutenait la cause garibaldienne, L’assassinio della strada San Rocco, fit quelque bruit des deux côtés des Alpes. Pourquoi ce texte n’avait-il jamais été publié en France ?
À cette question répond Jocelyn Fiorina qui en donne la première retraduction : passée l’introduction, nous sommes en présence d’un plagiat d’une œuvre autrement plus célèbre, Double assassinat dans la rue Morgue d’Edgar Allan Poe …
Faut-il alors imaginer que le grand Alexandre, pressé par le temps, aurait purement et simplement démarqué un texte encore ignoré en Italie ? Ou se demander si le jeune Américain protagoniste de la nouvelle, son hôte et ami, ne serait pas, précisément, Poe dont les biographes savent qu’il passa, en des circonstances mal élucidées, l’année 1832, où se situe l’action, à Paris ? Dans ce cas, pourquoi ce voyage semi-clandestin à l’heure où la révolution grondait en Europe ?
A partir de ces données, Fiorino extrapole savamment, preuves à l’appui, l’histoire de l’amitié entre Dumas et Poe, leurs engagements républicains, les mouvements de l’ombre auxquels tous deux appartenaient, la possibilité, séduisante, que Dumas n’ait rien plagié, étant le co-auteur, métier qu’il pratiquait fort bien, du Double assassinat, ce qui ferait de lui, avec Poe, le père fondateur du roman policier, titre de gloire qui lui manquait encore.
L’assassinat de la rue Saint-Roch, d’Alexandre Dumas, Mille et une nuits Fayard, 190 p., 4,50 euros.