J’avais aussi dans l’idée un petit excursus mythologique et un peu méchant ; par exemple, je vous aurais parlé de l’apparition au sein de notre représentation nationale des Harpyes, ces monstres mi-femmes mi-oiseaux qui empêchent leurs victimes de manger en souillant leur nourriture de leurs excréments ; Hésiode et Virgile nous parlent de Aello, Ocypété, et Celaeno… Quels noms leur donnerions-nous aujourd’hui ?… Les élues-éligibles ne manquent pas ! Les autres peuvent se consoler avec Gorgone, Méduse, Euryalé, Phorcys, Céto, Mégère, Alecto et Tisiphoné…

Il y aurait eu aussi celui qui se prend pour Jupiter et qui n’est qu’un pauvre Narcisse énamouré dans la contemplation de son image avec force grimaces et contorsions sous le regard plein d’arrière-pensées du très jeune Ganymède… Et, quittant la mythologie, j’aurais eu une pensée pour cet admirateur inconditionnel de Robespierre que j’aurais eu plaisir à surnommer « le Prieur de l’Abbaye de Monte à Regret »… Et le Premier des derniers venus, le si distingué Gaffeur des Montagnes… !

Mais tout cela n’aurait vraiment pas été très sérieux, et j’en viens à vous parler d’une remarquable invention du type « État profond » apparue en 2012. Il s’agit de la DILCRAH, acronyme malsonnant pour Délégation Interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+. Titre ronflant, voire incontinent, pour désigner un organisme placé sous la tutelle du Premier Ministre, qui étend ses ramifications non seulement dans tous les ministères mais aussi dans chaque département par les CORAHD, « comités opérationnels de lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la haine anti-LGBT+ et les discriminations liées à l’origine ». Cet organe de propagande et de surveillance tous azimuts (police, gendarmerie, magistrature, éducation) agit dans quatre directions :

• conseiller le gouvernement dans l’élaboration d’une politique publique dans les domaines de l’éducation, la sécurité, la culture, la « santé numérique », le sport… ;
• susciter des initiatives « terrain » comme l’organisation d’un prix « Ilan Halimi » pour encourager l’action des jeunes contre les préjugés racistes et antisémites ; on imagine sans peine la servilité et le conformisme requis pour espérer être lauréat… ;
• animer des actions de « formation initiale et continue » en direction des policiers, gendarmes, magistrats et enseignants, et assurer une veille des réseaux sociaux pour être à même de dénoncer les messages déviants auprès du procureur de la République… ;
• faire entendre la voix de la France au sein d’organismes internationaux tels que la Commission européenne et le Conseil de l’Europe en participant par exemple à l’élaboration de recommandations (destinées tôt ou tard à se transformer en impératifs). L’ambition suprême proclamée est de « former la génération ’zéro haine’ de demain » : sic !

Cette information publiée sur le site de la DILCRAH forme un ensemble qui donne froid dans le dos ; ce sous-ministère de l’endoctrinement et de l’inquisition, agissant indépendamment des différents gouvernements depuis 2012, rappelle irrésistiblement Big Brother et sa fabrique de lobotomisés !

Et les nuisibles nuisent et s’agitent en leur vanité, tandis que l’automne va tranquillement son train gris et doré…