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Un royal Lear

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Une œuvre qui oscille entre bouffonnerie et tragédie, en attendant le jugement dernier, implacable. Bien que de nombreuses similitudes existent entre la période élisabéthaine et celle de l’avant-guerre, longue chute décadente au destin tragique, transformer un souverain sacré en chef d’industrie cinématographique nous mène dans une impasse et fait fi de l’intemporalité de l’œuvre.

En effet, l’ampleur du langage, la démesure des personnages, la tragédie de l’inhumain, nous ont semblé bridés, presque amenuisés par le port de costumes engoncés, avec des personnages évoluant dans des salons bourgeois. En revanche, l’utilisation de l’envers des portants du plateau est bienvenue ; théâtre dans le théâtre et rappel des scènes anglaises de l’époque qui n’utilisaient qu’un élément de décor ou un panneau pour indiquer le lieu de l’action.

Mais le metteur en scène, Jean-Luc Revol, est avant tout un grand artiste. Il possède un art consommé pour agencer les différentes phases de l’oeuvre et demeure un expert en direction d’acteurs. L’osmose qui existe entre les partenaires de cette brillante distribution est totale, et chaque interprète tient sa partition avec la fougue et la profondeur qu’exige ce type de répertoire.

On citera particulièrement la perversité de Goneril (Marianne Basler), la cocasserie de Denis D’Arcangelo dans le rôle du Fou, l’immense prestation de José-Antonio Pereira, tour à tour Prince Edgard et Tom le mendiant. Dans le rôle d’Edmond, Arnaud Denis campe avec panache la cruauté de cette créature démoniaque. La naïveté, le désespoir et l’insupportable martyre que subit Gloucester sont incarnés par l’excellent Jean-Paul Farré.

Enfin, dans le rôle du Roi Lear, potentat ridicule, parfois bouffon, atteint de folie sur une lande désertique, première antichambre de l’enfer, royal dans sa splendeur comme dans sa déchéance, Michel Aumont. Magistral ! Shakespearien !

Théâtre de la Madeleine

19, rue de Surène 75008 Paris
01 42 65 07 09
Du mardi au samedi à 20h,
le dimanche à 17h.

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