Recevez la lettre mensuelle de Politique Magazine

Fermer
Facebook Twitter Youtube

Article consultable sur https://politiquemagazine.fr

Gesticulations et désarticulations

Dans les temps obscurs, les pousseurs de romances mettaient en scène leur tour de chant. Maurice Chevalier agitait son chapeau, Yves Montand agitait ses jambes, Henri Salvador n’avait pas honte de commettre des pitreries variées.

Facebook Twitter Email Imprimer

Gesticulations et désarticulations

Aujourd’hui, fini ces balourdises, nos chanteurs, nos vedettes, nos icônes, dans un souci de simplicité et de pureté artistique, se limitent à gesticuler ; les plus agiles se désarticulent. Cette simplicité, cette pureté se retrouvent dans les paroles qui accompagnent les mélodies pétaradantes, elles approchent du borborygme.

Cet art épuré ne se limite pas à la France, il a gagné l’Europe et peut-être le monde entier. Le concours de l’Eurovision l’a montré. Chaque pays avait son chanteur-gesticulateur, qui gesticulait sur des sons à peu près identiques. Chaque chanteur-gesticulateur était entouré de plusieurs chanteurs-gesticulateurs dont les gesticulations avaient souvent de charmantes connotations érotiques. Comment le jury avait-il réussi à départager ces semblables et à hisser un gagnant ? Mais on m’a dit que ce gagnant avait un atout : il fallait regarder de plus près son genre.

La cérémonie d’inauguration des Jeux Olympiques a renouvelé ces splendeurs. Ce n’étaient que gesticulations et désarticulations. Un disciple de ce vieux croûton de Houdart de la Motte, qui décréta que « l’ennui naquit un jour de l’uniformité », me dit avoir lâché cette contemplation au bout d’un quart d’heure. Mais heureusement, j’appris le lendemain que la plupart des téléspectateurs, mieux avisés que le sinistre Houdart, avaient trouvé la chose « innovante et plutôt marrante ». Le metteur en scène avait en outre pimenté sa prestation d’une guillotinade de Marie-Antoinette et d’une parodie de la Cène. Sur cette dernière imputation, il a déclaré que ce n’était pas vrai et qu’on voyait le mal partout. Je crois dur comme fer à sa sincérité : le pauvre, il n’a jamais lu les Évangiles et n’a jamais entendu parler de Léonard de Vinci.

Facebook Twitter Email Imprimer

Abonnez-vous Abonnement Faire un don

Articles liés