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Adieu l’ami

Il s’en est allé. Il a franchi Le Passage (1986). Grand. Altier. Superbe. Il a tiré sa révérence, son Borsalino (1970) impeccable, vissé pour la postérité sur sa tête d’Homme pressé (1977). Parmi les Félins (1964), il sera pour nous tous et pour toujours le neveu idéaliste du Guépard (1963). Avec lui, dans le Soleil Rouge (1971) de la nostalgie d’une France ayant désormais des allures d’Armaguedon (1976), s’éteint la Race des Seigneurs (1973). À jamais, il fait partie de Notre Histoire (1984).

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Adieu l’ami

L’homme fut un monument d’(in)fidélité(s). C’est toujours ainsi, Quand la femme s’en mêle (1957). Ses conquêtes, multiples, de Romy dans la Piscine (1968) à Mireille, la vamp au dos nu et aux Seins de glace (1974) rencontrée chez Jeff (1968), ont toujours su qu’il n’avait jamais franchi le Cercle rouge (1970) de la honte qui sied fièrement aux mufles et aux Aventuriers (1967). Certes, il lui arrivait de siffloter l’irrévérencieuse Mélodie en sous-sol (1963), violant ainsi les Dix Commandements (1962) – notamment le Cinquième –, sous l’œil complaisant du vieux bouc maléfique aux pieds crochus.

Mais jamais ne se départit-il de son sens de l’honneur, immarcescible viatique hérité des héros de son enfance, de la Tulipe noire (1964) à Zorro (1975). D’ailleurs, Monsieur Klein (1976), l’autre, l’honorable, le rédempteur, lui en fut témoin. Ceux de son clan, celui des Siciliens (1969), Lino et le Vieux – ainsi qu’on surnommait Gabin – en l’occurrence, Deux hommes dans la ville (1973), si l’on peut dire, l’ont toujours su. De sa Flic Story (1975), on retint qu’il n’avait qu’une seule Parole (1985), celle d’un Flic (1972) qui sait que sa Peau (1981) ne vaut pas lerche, mais vaudrait bien moins au Plein soleil (1960) de l’infamie. Son indéfectible amitié pour le Menhir, bien que traversée d’orages, rangera définitivement cet Insoumis (1964) – pour qui sait déchiffrer les signes – au rang des Centurions (1966). Jean-Pierre Melville l’adoubera même et en fera un Samouraï (1967), et de quel métal !

Résolument politiquement incorrect

D’aucuns se chagrinaient qu’avec sa gueule de Gitan (1975), gentil métèque, ou de Toubib (1979) faiseur d’anges, il ne fût pas davantage dans la Nouvelle Vague (1990), progressiste, moderne, dans le vent. Telle n’était pas son ambition et à ceux qui lui demandait : « Paris brûle-t-il ? » (1966), il répondait en leur tournant le dos, enfourchant sa Motocyclette (1968), direction les Granges brûlées (1973) des verts alpages helvètes.

Assurément, parce que résolument politiquement incorrect, les belles consciences pures et sans mains, hurlant « Mort d’un pourri ! » (1977) dans son dos, se hâteront de le compter parmi les Trois hommes à abattre (1980), après Audiard accusé de collaborationnisme et Depardieu, trop poutinien et séducteur pour être honnête. Qui plus est, son profil de Casanova sur le retour (1992) le rendait éminemment suspect chez les hystériques « Me Too » qui balanceraient aveuglément dans les feux infernaux de leurs autodafés délirants, tant les œuvres du Marquis de Sade que celle de Proust et son amour de Swann (1984).

Et l’on rêverait, avec lui dans le rôle-titre, d’un film où, en Gitan (1975) ténébreux, à la tête d’un Gang (1977), en nouveau Scorpio (1973) froid et déterminé, il arroserait généreusement de ses Grands fusils vengeurs (1973) ces pleureuses de la pensée en formol. Le Crime (1993) cathartique et salutaire… À tout le moins souhaiterait-on qu’elles prennent le dernier Airport 80 Concorde (1979), ou son succédané successeur et débarrassent le plancher…

Mais, c’est Rocco (1960) qui s’est éclipsé (1962), nous laissant seuls et tristes au milieu des affreux, moches et méchants de la médiocrité généralisée du cinéma français subventionné (pléonasme).

La Veuve Couderc (1971) pleure et nous aussi, mais nous nous consolons à la seule pensée que Le Battant (1983) est allé rejoindre Romy, Mireille, Simone, Jean, Michel, Jean-Paul, Charles, Burt et les autres… Le Gang (1977) des immortels, quoi. À présent, Doucement les basses (1970), Ne Réveillez pas un flic qui dort (1988) pour l’éternité. Adieu l’ami ! (1968).

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