Civilisation
Alice Guy, pionnière du cinéma
Un entretien avec Caroline Rainette. Propos recueillis par Richard de Seze.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
De Caroline Rainette. Mise en scène Lennie Coindeaux. Avec Caroline Rainette, Lennie Cordeaux et Jérémie Hamon.
Quand on évoque les débuts du cinéma, surgissent le nom des Frères Lumières, Georges Méliès ou Louis Feuillade, jamais celui d’Alice Guy. Écartée pendant un siècle, de son vivant, alors qu’elle fut la première réalisatrice de cinéma au monde, le XXIe siècle lui rend hommage et répare cette injustice. Dans un décor soigné de la Belle Époque et une mise en scène éloquente, augmentée de références historiques et de vidéos, la Compagnie Étincelle nous présente, sous les traits de Caroline Rainette, touchante et rayonnante dans son rôle, le portrait d’une femme d’exception qui dévoua sa vie au cinéma qu’elle appelait « son prince charmant ». Les trois comédiens nous livrent une partition bouleversante qui célèbre le théâtre et questionne avec pertinence la place de la femme dans la société à la fin du XIXe siècle.
Alice Guy naît en 1873. Issue d’une famille aisée qui connut un revers de fortune, elle dut travailler. En 1895 elle est recrutée comme secrétaire au Comptoir général de la photographie, auprès de Léon Gaumont, au moment où de nouvelles industries se développent et où le cinématographe, invention des Frères Lumière, voit le jour. Intelligente et inventive, Alice apprend les caractéristiques techniques des appareils, les lois de l’optique et les procédés chimiques de la photographie. Elle devient très vite incontournable et parvient à s’imposer dans un milieu où tout n’est qu’« affaires d’hommes ». Alors que seuls des documentaires sont proposés au public, il lui vient l’idée de créer des films de fiction : La fée aux choux sera sa première réalisation suivie d’une longue série de films, où elle innove (flashbacks et effets spéciaux). Devenue directrice artistique au pôle conception et production des films de la Gaumont, elle ne vit que pour le cinéma jusqu’à son mariage avec Herbert Blaché qu’elle suit aux États-Unis. Elle y crée sa propre société de production, la Solax, et marque une nouvelle fois l’histoire du cinéma. C’est une période fructueuse de 1910 à 1918. Mais les frasques conjugales et les investissements hasardeux de son mari sonneront le glas de cette formidable aventure.
Alice Guy est l’une des « 10 femmes en or » mises en lumière lors de la Cérémonie d’Ouverture des JO de Paris 2024. Sa statue sera exposée prochainement à l’Assemblée Nationale.