Civilisation
De nouveaux types de dictature qui attestent le retour de la prévalence de la Realpolitik
Le caractère révolu des dictatures fascistes et communistes.
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D’après le roman d’Alan Sillitoe. Mise en scène et interprétation de Patrick Mons.
Enfermé pour larcin dans une maison de correction, Colin Smith, jeune délinquant, est remarqué pour ses talents de coureur et inscrit à une course de fond nationale par la direction qui voit en lui un exemple de réussite et de réhabilitation sociale. Autorisé à courir hors de l’établissement, son entraînement est l’occasion pour Colin de se retrouver, se remémorer son parcours et son enfance marquée par un milieu familial chaotique. C’est le cri d’un homme indépendant qui se dévoile, rétif à toute autorité, qui déclare que « son art c’est de se rebeller ». Capable de gagner cette compétition, que choisira-t-il : la rédemption qui s’offre à lui ou prendra-t-il le parti de tout refuser, qui lui ressemble tant ? Le texte, scandé par le comédien, ses foulées, qui le rythment, et la musique d’Artur Pepper au saxo, semblent se faire échos pour ne former qu’une seule et même partition. La performance artistique remarquable en tout points de Patrick Mons, metteur en scène et interprète, libère avec une émotion poignante l’aspect significatif de Colin attaché à ses convictions qui livre un combat sans armes pour sa liberté. Cependant, « Pour jouer Colin Smith, dit-il, il fallait courir, non pas pour la performance mais pour transmettre au plus près la sensation de la course, donner à voir ce que cela produit physiquement » : est-il nécessaire d’infliger une telle fatigue cérébrale au spectateur ! ? Le comédien court sur place, inlassablement, tout en parlant les trois quarts de la pièce. La solitude du coureur de fond d’Alan Sillitoe, fabuleuse leçon de théâtre, puissante dans son incarnation, est une course qui de toutes façons, gagnée ou perdue, ne finit jamais. Une belle métaphore de la vie !