Dans mon village, nous n’avons plus la corvée de jeter nos bouteilles en verre dans nos poubelles, les éboueurs ne les prendraient plus. Désormais, nous allons les déposer dans des conteneurs plus ou moins distants et qui, de forme cubique, agrémentent le paysage.
L’administration locale appelle ces conteneurs des « points d’apport volontaire ». On voit combien cette administration est charitable : non seulement elle nous fait faire de l’exercice (avouons que certains trichent : ils vont déposer leurs bouteilles en voiture) mais, en plus, elle nous fait rire, car « volontaire » est évidemment de l’antiphrase, de l’ironie, de la blague supérieure. Je vais donc déposer mes bouteilles, mes bocaux, en rigolant, en me trémoussant, en me tenant les côtes ; dans les soubresauts, j’en perds, le verre se brise sur la chaussée, c’est très amusant.
On trouve le même goût de l’antiphrase chez les facétieux qui se persuadent qu’ils nous gouvernent. Ils parlent par exemple avec le grand sérieux, la gravité, la mine lugubre qui caractérisent les grands comiques froids, de leur fermeté, qu’ils feront preuve d’une fermeté inébranlable ; ils disent qu’ils tiennent un discours de fermeté. Ils sont poilants. Nous savons bien qu’ils disent fermeté pour faiblesse. Ils disent encore, toujours la main sur le cœur et l’œil au ciel, qu’ils vont faire montre d’une détermination totale, absolue, intacte, sans faille, etc. Ils accumulent avec détermination tous les clichés possibles, une fois, deux fois, trois fois et ainsi de suite ; ils pratiquent pour les spectateurs, les auditeurs ravis un comique de répétition parfaitement au point. Oh, ils ont plus d’un tour dans leur sac, ils sont vraiment désopilants. Leur indécision, leur manque de solutions précises, leur pente à ne rien faire, qui ne feraient pas rire du tout, ils les transmuent en rigolades. Vive les alchimistes !
Illustration : « Comment ne pas entendre le message qu’elle [la veuve du gendarme tué par un multirécidiviste] adresse ? », interroge-t-il, avant de se montrer plus hésitant sur la réponse à apporter. « C’est vrai qu’il y a aujourd’hui quelque chose à faire », a reconnu le cadre socialiste, en direct de Blois où se tient l’université d’été du PS. Il considère toutefois la question « difficile » étant donné la complexité des parcours des récidivistes. « Les systèmes judiciaire et pénitentiaire sont déjà totalement embolisés », rappelle Olivier Faure pour qui « mettre les gens en prison » n’est « pas non plus une réponse satisfaisante ». « On a aujourd’hui beaucoup trop de monde », estime-t-il, sans proposer pour autant d’alternative. « Il faut que nous prenions ce débat à bras-le-corps », botte-t-il enfin en touche. (Le Figaro)