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La Géorgie à la croisée des chemins

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La Géorgie à la croisée des chemins

Après la victoire aux législatives du Rêve georgien de Bidzina Ivanichvili sur le Mouvement national uni du président en exercice Mikhaïl Saakachvili, Tbilissi semble devoir s’acheminer vers une cohabitation pour le moins difficile. Deux tempéraments et deux visions antagonistes s’opposent de manière frontale.

Suivi par plus de 500 observateurs internationaux, ce vote constitue un clair désaveu pour le chef de l’état georgien qui avait déclaré lors d’une réunion électorale que ce scrutin constituait « un référendum sur ce qui avait été réalisé durant les huit dernières années ».

Fils d’un médecin et d’une historienne, juriste formé aux états-Unis et en France, parlant cinq langues, Mikhaïl Saakachvili débarque sur le devant de la scène en 2004 lorsque la « révolution de la rose » met fin au pouvoir totalitaire et corrompu de l’ancien hiérarque soviétique, Edouard Chevardnadze. Très charismatique et prêt à réformer tambours battants le pays, le nouvel homme fort commet sa première erreur stratégique en 2008 lorsque, trop confiant dans son allié américain, il mène une guerre éclair contre la Russie. Seul résultat tangible de cette équipée : la Géorgie a perdu l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie devenues jouets de l’ours russe. Dommage, car le bilan de Saakachvili, devenu à 36 ans le plus jeune chef d’état européen, est loin d’être négligeable.

De fait, en quelques années seulement, l’homme a réussi à mener des réformes sans précédent dans la région tout en s’efforçant de détacher ce petit pays de seulement 4,5 millions d’âmes de l’orbite moscovite, ce qui apparaît pour le moins imprudent. Chantre de l’intégration européenne et de l’entrée de la Géorgie dans l’Otan, il n’a pas hésité à recourir à des méthodes radicales et expéditives pour débarrasser l’administration des agents ayant grandi sous le communisme, véritable mafia, au profit de nouvelles recrues. De quoi engendrer de nombreux mécontents, notamment dans la capitale.

Un bilan contrasté

Véritable cancer de l’ancien régime soviétique, le crime organisé et la corruption ont été éradiqués et le régime s’est lancé dans une politique de grands travaux et d’urbanisme. Batoumi, capitale de l’Adjarie est devenue la station balnéaire la plus élégante et la plus recherchée de la région. Koutaïssi, deuxième ville du pays – et ancienne capitale – a été ravalée de fond en comble et la cathédrale orthodoxe, en ruines depuis… 1692, vient d’être reconstruite. Alors même que la cité s’apprête à regagner une stature nationale en devenant le siège du Parlement. Tbilissi, ville jadis terne et l’une des plus dangereuses d’Europe, brille aujourd’hui de tous ses feux : citoyens comme touristes peuvent s’y promener sans problèmes de jour comme de nuit. Vouloir faire en si peu de temps d’une république soviétique un état moderne et, de la Géorgie, le laboratoire caucasien d’une démocratie à l’occidentale et d’une économie de marché libérale, ne pouvait manquer de traumatiser nombre de citoyens de ce pays resté arriéré et pauvre notamment dans les campagnes.

Si la Géorgie, malgré la crise mondiale, affiche un taux de croissance de 8 %, les fruits de celle-ci sont loin d’avoir profité à tous. Aussi, dans la capitale comme ailleurs, l’insatisfaction contre le pouvoir s’est développée en se nourrissant de surcroît du chômage qui touche quelque 30 % de la population. Et force est de constater que la révélation par TV9, nouvelle chaîne de télévision aux mains de l’opposition, du scandale de tortures pratiquées dans une prison de Tbilissi, n’a pas arrangé les affaires du pouvoir. D’autant que l’église orthodoxe de Georgie, église autocéphale (80 % des ressortissants du pays) qui jouit d’un immense respect et se verrait bien retourner dans le giron russo-orthodoxe, ne partage aucunement les orientations pro-occidentales (individualisme, droits de l’homme, OTAN) de l’actuel chef de l’état. Lequel, de surcroît, a commis l’irréparable en faisant adopter en juillet 2011 une loi octroyant la qualité de personne juridique aux autres groupes religieux « historiquement liés à la Géorgie ». Un casus belli pour l’église orthodoxe et son vénéré Patriarche Ilia II qui, tout en affichant officiellement une grande neutralité, n’en a pas moins reçu le chef de l’opposition et n’a jamais sanctionné les nombreux membres de son clergé très présents dans les rassemblements politiques. Voilà qui a dû beaucoup compter et certainement faciliter la tâche d’un homme, Bidzina Ivanichvili, première fortune du pays, devenu chef de file de l’opposition et qui s’agite en coulisses depuis un certain temps.

Fils de mineur, devenu milliardaire en Russie dans le chaos des années 1990, l’homme a réussi à cimenter une opposition hétéroclite après avoir versé sur la Géorgie une partie de son immense fortune (6,4 milliards de dollars, environ 4,9 milliards d’euros, plus que le budget de l’état), ce qui ne pouvait manquer de le rendre populaire. Si l’on en croît une source diplomatique et le régime lui-même, il aurait consacré à sa campagne quelque 300 millions de dollars, en utilisant cadeaux à tout-va et l’aide de force conseillers, experts en sondages et cabinets de lobbying recrutés aux états-Unis et à Bruxelles. Du jamais vu dans l’histoire post-soviétique !

La priorité : normaliser les relations avec la Russie

Si la Géorgie s’est un tant soit peu européanisée, surtout à Tbilissi et dans les grands centres urbains, les campagnes sont demeurées plutôt attachées à leurs traditions et l’équipe au pouvoir a voulu aller trop vite dans ses réformes. D’où un décalage entre les aspirations de la population et le pouvoir. Et l’opportunité pour l’opposition de s’adresser à tous les laissés-pour-compte de la transition et aux exclus de la croissance. Plus profondément, les stratèges du Rêve géorgien estiment – avec une certaine logique – que la géographie commande et que le pays appartient davantage au Caucase qu’à l’Europe. D’où une priorité : la normalisation des relations avec le grand voisin russe qu’il importe de ne pas provoquer inutilement. Ce qui revient à dire que la Géorgie est un trop petit pays pour devenir le grand acteur géopolitique rêvé par Saakachvili.

Après la victoire de l’opposition aux législatives géorgiennes, les autorités russes qui s’étaient jusque là abstenues de tout commentaire, n’ont pas caché leur satisfaction. Le ministère russe des Affaires étrangères a dit « espérer que les changements permettront à la Géorgie de normaliser et d’établir des relations constructives et respectueuses avec ses voisins ». Et le Premier ministre Dimitri Medvedev de se déclarer « prêt à ouvrir un dialogue » avec Bidzina Ivanichvili, probable futur Premier ministre. Face au « cosmopolitisme » reproché au chef de l’état, ce scrutin législatif a vu l’émergence d’un vote conservateur, nationaliste et chrétien. Il reste que le caractère hétéroclite de la coalition gagnante (des sociaux-démocrates, des libéraux, des chrétiens, des nationalistes purs et durs et des hommes de l’ancienne nomenklatura soviétique) devrait rendre pour le moins complexe la formation du futur gouvernement. D’ores et déjà, Bidzina Ivanichvili a constitué une équipe de trois personnes chargées de négocier au quotidien avec le chef de l’état. Un chef de l’état dont tout laisse à penser qu’il devrait s’employer à enfoncer le plus de coins possibles dans la coalition réunie autour de l’oligarque durant l’année qui lui reste pour présider aux destinées de son pays.

Si l’on a bien compris, le nouvel homme fort prétend imposer à la Géorgie un grand écart entre la Russie, les Etats-Unis et l’Europe. Wait and see. Le plus vraisemblable c’est que Tbilissi va se trouver, à plus ou moins brève échéance, à nouveau dans l’orbite moscovite, ce qui est plutôt dans la nature des choses. N’oublions pas que l’Ukraine de Victor Ianoukowitch a déjà tourné le dos à l’Europe, sensible au projet de Vladimir Poutine de réunir les anciens vassaux de la défunte Union soviétique dans une « Union eurasienne ». Il y a toujours des constantes en matière de géopolitique.

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