Pourquoi les croisades? L’État islamique (en abrégé EI) (ad-dawla al-islāmiyya), organisation armée salafiste jihadiste connue sous l’acronyme arabe Daech (داعش), ne cessent d’appeler à la guerre contre les Juifs et les Croisés Chrétiens. De même, en Occident, et plus particulièrement en France, certains traités d’histoire et commentateurs dans les media, accusent les Croisés d’être délibérément venus pour coloniser le Proche Orient et imposer le christianisme par la force.
Chapitre 1 – l’histoire et le Rappel des faits :
A la mort de Paul de Tarse, en 68, l’Empire Romain est toujours omniprésent. Régi par des lois uniques pour tous les peuples, il intègre toutefois la possibilité de gouvernements autonomes, dans le cadre de la justice et de la liberté du culte notamment dans l’ancien Royaume d’Israël. Malgré cette apparente mansuétude, les juifs entrent en rébellion. La répression exercée par les Romains à leur encontre est très violente. Elle débute avec la destruction de Jérusalem en 70 par Titus, fils de Vespasien, et se continue jusqu’en 135. Une grande partie de la population émigre vers la Babylonie et le Bassin méditerranéen, et rejoint la diaspora qui s’était déjà formée depuis fort longtemps. La persécution à l’encontre des juifs par les troupes romaines d’occupation s’élèverait à 500 000 victimes. Seuls 10 000 juifs décident de rester en Galilée dont la capitale religieuse est Bet Shearim.
Concomitamment, et suivant l’exemple de Paul, les apôtres, leurs disciples et descendants rejoignent les communautés juives tout autour du Bassin méditerranéen et plus particulièrement en Asie Mineure et à Rome. Au milieu de leurs frères d’origine, ils transmettent le Kérygme, (Prédication initiale des premiers chrétiens témoignant de leur foi en Jésus fils de Dieu et ressuscité).
Cette évangélisation, que certains peuvent qualifier de prosélytisme, fut reçue de façon relativement favorable, par les exilés mais la majorité préféra garder la religion du Pentateuque. C’est donc les autochtones qui profitèrent de cette révélation. Dans l’ensemble cette transformation s’est déroulée de façon pacifique, de par et surtout l’exemplarité notamment dans les mœurs et la recommandation de la non violence.
Cependant la persécution à l’encontre des nouveaux chrétiens perdura longtemps dans certaines contrées, notamment en Egypte, évangélisée par Saint Marc en l’an 43, où les Coptes, subirent une longue souffrance sous le règne de Dioclétien qui commença en 284 avec un pic en 304. Mais en moins de deux siècles, la chrétienté se substitue aux croyances du panthéon gréco-romain, et on assiste à la surexposition d’une nouvelle civilisation qui a épousé les structures de la précédente.
Suite à l’Edit de Milan, édicté par Constantin Le Grand, le 13 juin 313, le culte chrétien est officialisé sur l’ensemble de l’Empire Romain. Le 28 février 380, Théodose proclame le catholicisme nicéen comme religion d’Etat.
Le rayonnement est de plus en plus important grâce à l’influence de grands intellectuels et philosophes, reconnus Pères et Docteurs de l’Eglise dont plus particulièrement une génération de penseurs chrétiens, connus sous l’appellation de cappadociens, avec Saint Basile de Césarée, (329 – 379) père du monachisme. S’ensuivent Ambroise (340-397), évêque de Milan, Jérôme né en Dalmatie en 342 et mort à Bethléem en 420, à qui l’on doit la traduction en latin des évangiles écrits en hébreux ou grecs, « La Vulgate » et surtout Saint Augustin né en 354 en pays berbère à Thagaste (actuel Souk-Ahras) et mort en 430 à Hippone. Sous l’influence de sa mère, Sainte Monique, il se convertit après sa découverte de la philosophie néo-platonicienne. Un courant que déjà Saint Jean avait perçu en faisant de la parole du Christ la Parole de Dieu, le Logos, en rapprochement avec la philosophie grecque. Augustin résida aussi à Carthage, et il avait enseigné à Rome et Milan avant de revenir à Hippone où il fut acclamé évêque en 395. Sa devise lie la foi à la raison : Croire et comprendre ce qu’on croit.
On constate donc l’émergence d’une nouvelle civilisation qui à cette époque ne connaît pas de concurrence, si ce n’est certains schismes comme l’Arianisme, et controverses ayant, pour en grande partie, des raisons théologiques ou interprétation des textes fondamentaux. Une dualité croissante émerge entre la prédominance du trône de Saint Pierre à Rome, et les exigences de suprématie du Patriarcat de Constantinople.
Après la grande affaire de l’iconoclasme, qui se déroula au cours du VIIIème et IXème siècle, un fossé se creusa entre l’Occident et l’Orient. Cette lutte intestine devait s’achever par l’établissement de l’Orthodoxie, décrétée par Théodora régente au nom de son fils Michel III au milieu du IXème siècle. La rupture entre les deux Eglises, se concrétisa en 1204, au cours de la quatrième croisade après le pillage de Constantinople par les latins.
En Europe, le Royaume Franc, devient chrétien, suite à la conversion du Roi Clovis en 496 et un siècle plus tard, celle du Roi wisigoth d’Espagne. Grégoire le Grand, Pape de 590 à 604 se tourne résolument vers l’évangélisation de l’Occident. Il est aidé par le formidable essor des ordres religieux dont principalement les bénédictins, créés par Saint Benoît (480-547), dont les principales tâches sont d’ordre intellectuel et notamment la retranscription des textes saints et des grands traités philosophique de l’antiquité grecque, dont Aristote, traduits et transmis principalement par les prêtres syriaques.
Parallèlement sur le plan politique, les Rois sont garants de l’application de la religion chrétienne en leurs états.
En Palestine et dans les pays avoisinants, durant les six premiers siècles, malgré les persécutions, une minorité fidèle au Premier Livre de la Bible, le Pentateuque, se maintient. La majorité restante, juive convertie, et les peuplades arabiques pré-islamiques avoisinantes, comme les autres pays méditerranéens, devient chrétienne.
Eglises et édifices religieux surgissent dans cette partie du monde. Le premier lieu de culte chrétien (conservé) étant l’Eglise de Qualat es-Salihiye en Syrie orientale, construite en 232. On s’attache à préserver les lieux saints dont essentiellement le Saint Sépulcre qui abrite le tombeau du Christ. De même au IVème siècle Constantin élève des édifices sur le Calvaire et une basilique sur le Mont des Oliviers. Ce foisonnement humain et architectural permettra l’émergence des églises d’Orient, avec les rites maronites, syriaques, chaldéens et sur le territoire égyptien, coptes.
Les échanges entre la Palestine et l’Europe débutent sous forme de pèlerinages dès le début du IIème siècle. Ils sont inspirés librement par la dévotion, ou imposés par l’Eglise comme Pénitence après un péché public pour sortir d’excommunication.
Les pèlerins multiplient les fondations de monastères tout au long de leur périple. Les Amalfitains établissent des hôpitaux à Antioche et Jérusalem pour les accueillir. Cela donne aussi l’opportunité de créer des liens commerciaux déjà servi par la république de Venise.
Chapitre 2 à suivre…!