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Comment peut-on être suisse ?

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Comment peut-on être suisse ?

À propos d’un article de M. Valentin Dulac dans la N.R.U. (n°40, printemps 2015).

J’ai lu avec le plus grand intérêt, dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue universelle, l’article de M. Valentin Dulac intitulé « Comment peut-on être suisse ? » Il est extrêmement rare de lire des textes aussi fins et aussi bien documentés quand il est question de la Suisse. La plupart du temps, on se borne à lui faire la morale ou bien à la discréditer.

Je suis cependant plus réservé sur l’idée que les Français auraient beaucoup à gagner à ressembler plus aux Suisses. C’est à la fois vrai et faux. Économiquement parlant, la Suisse réussit bien. C’est lié à son organisation politique et sociale. M. Dulac le souligne à juste titre et explique les points forts de notre économie. J’ajouterais à cette liste la stabilité politique (la fameuse formule magique) et sociale (peu de grèves et presque jamais d’émeutes, mais tout de même toujours plus de criminalité dans les villes) ; une économie très diversifiée – nous sommes probablement une des économies les plus diversifiées du monde, ce qui permet à l’économie de compenser les pertes dans un secteur économique par les gains dans un autre ; une discipline fiscale, avec des taux d’impôts très raisonnables pour les entreprises ; et notre système de milice. De plus, nos représentants à Berne et dans les parlements cantonaux ne sont pas des politiciens professionnels mais des citoyens exerçant une profession et qui, à côté, s’engagent dans la vie politique afin de veiller au bien commun et de défendre leur idées politiques. Ce qui veut dire qu’ils n’ont pas le temps de faire des nouvelles lois inutiles. Ils doivent se concentrer sur l’essentiel car leurs agendas sont remplis. Et cela coûte moins cher aux contribuables car il y a moins de fonctionnaires et moins d’administration.

Mais la Suisse aujourd’hui doit faire face à deux problèmes majeurs : d’une part le clivage entre l’élite et le peuple et de l’autre l’immigration massive. Il ne faut jamais perdre de vue que si la Suisse n’avait pas de démocratie directe, il y a bien longtemps qu’elle serait annexée à l’Union européenne. Le peuple, qui est le souverain en Suisse, a dit non. Je ne pense pas que la démocratie soit la meilleure façon de gouverner, mais une chose est sûre : l’élite est pourrie et le peuple ne l’est pas, ou beaucoup moins. L’élite suisse, à gauche comme à droite, s’est soumise aux diktats de Bruxelles et de l’économie à tous les niveaux. On applique en Suisse des lois étrangères que le souverain n’a jamais votées. Ensuite il y a une tendance très forte dans certains milieux influents à vouloir limiter les droits démocratiques du peuple suisse afin de donner les pleins pouvoirs à la politique et à l’économie. Le problème de l’immigration est étroitement lié à la soumission à l’économie. Les étrangers qui viennent travailler chez nous sont là parce que l’économie le souhaite et non pas parce qu’elle en aurait besoin.

C’est parce que, de cette manière, elle fait des économies sur les salaires. Chaque année 100 000 personnes s’établissent en Suisse, seulement 60 % travaillant et gagnant de l’argent. La Suisse comporte la plus forte proportion d’étrangers de tous les pays européens : nous en sommes à quasiment 30 % d’étrangers. Le peuple a dit halte ! C’est une décision sage. À mon humble avis, elle n’a rien à voir avec « une défiance instinctive à l’égard des étrangers » ni même avec « un patriotisme vigoureux » : c’est tout simplement une décision de bon sens. Nos routes, nos trains et nos bus sont surchargés, nos prairies disparaissent à vue d’œil sous les nouvelles constructions – des logements avant tout –, et les Suisses sont attachés à la beauté de leurs paysages et à la nature, bref la qualité de vie se détériore à cause de l’immigration. Ce sont les réflexions du peuple suisse qui l’ont amené à se prononcer pour l’institution de contingents d’immigration. Je suis convaincu que beaucoup de peuples faisant partie de l’Union européenne prendraient la même décision si on leur donnait le droit de voter. Maintenant, nos élites pourries, ces laquais de Bruxelles et de l’économie, cherchent une pirouette afin de ne pas faire respecter la volonté du peuple suisse. On en est là.

Quant au secret bancaire, je ne considère pas la décision de l’abandonner comme un problème majeur, ce qui ne m’empêche pas de le défendre. D’ailleurs cette décision n’est pas définitive. Elle exprime la volonté de nos élites pourries, mais l’initiative « Défendons la Suisse, inscrivons le secret bancaire dans la Constitution fédérale » a abouti. Le peuple se prononcerait l’année prochaine.

J’aimerais renvoyer M. Dulac à l’excellent site www.swissrespect.ch de l’association genevoise qui défend le secret bancaire. Elle critique le fait que certains pays exigent de la Suisse des standards qu’eux-mêmes n’appliquent pas chez eux. C’est une guerre. Le secret bancaire n’est qu’un prétexte, un angle d’attaque : sinon comment expliquer que d’autre places financières, même à l’intérieur de l’Union européenne, comme le Luxembourg, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Belgique, l’Italie, Monaco ne subissent aucune pression alors qu’ils pratiquent les avantages qu’on demande à la Suisse de supprimer. C’est une guerre. On cherche à détruire notre richesse, notre indépendance et notre puissance économique. Il faut se rappeler aussi que le secret bancaire a une origine des plus nobles : il n’a pas été fait pour qu’on puisse tricher à l’impôt, il a d’abord été institué pour protéger les avoirs de personnes persécutées… La liberté n’est pas seulement une question de protection des personnes physiques : elle concerne aussi la protection de leurs biens.

Mais cela mis à part, lorsqu’on apprend ce que les contribuables doivent payer en termes d’impôts dans certains pays – c’est de l’escroquerie étatique, tout simplement… –, je comprends qu’ils cherchent à placer leur argent à l’étranger.

Il y aurait encore bien des choses à dire, mais je m’arrête là. Tout cela m’a déjà mené bien loin…

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