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Cuba libre

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Cuba libre

Naturellement, ce titre fait seulement référence au cocktail (rhum, citron vert et cola), qui sera certainement à la mode dans les prochains mois (à consommer avec modération, néanmoins). La perspective d’une prochaine réinsertion de l’île dans le concert international attise toute les convoitises et, dans cet esprit, la France se dit qu’elle a sûrement une carte à jouer.

La première d’entre elles est sans doute la filiation historique. Notre révolution de 1789, mère de toutes les révolutions sanguinaires, a été un modèle pour Marx et ses exécuteurs testamentaires. Mais en raison de la taille du pays nous surpassons de loin la petite île des Caraïbes par le nombre des exécutions : environ 40 000 sous la Terreur, dont 27 000 sans jugement (sans parler du massacre vendéen : 200 000 à 400 000 morts) contre un peu plus de 9 000 pour la révolution cubaine. Même en valeur relative – et toujours sans tenir compte du martyre de la Vendée qui nous permettrait d’autres comparaisons encore moins flatteuses – nous surclassons la révolution cubaine : la France comptait 26 millions d’habitants en 1789 contre 12 millions pour Cuba en 1959 soit un taux d’élimination politique de la population de 0,15% en France contre 0,08% pour Cuba. Deux fois moins… petits joueurs.

Les Cubains ne renieront sûrement pas ce lien du sang, tant il a été assumé par de très nombreux intellectuels français. Simone de Beauvoir, par exemple, n’y est pas allée de main morte en justifiant elle-même les exécutions sommaires dans plusieurs interviews des années 60. Quant à Sartre, il dira de Che Guevara, après sa mort dans la forêt colombienne où il aimait crapahuter (le Che, pas Jean-Paul), qu’il était « l’être humain le plus complet de notre époque ». Et effectivement, les témoignages ne manquent pas sur le caractère « complet » du bel Ernesto en tant que procureur du tribunal révolutionnaire, sorte de Fouquier-Tinville à béret, même si l’adjectif qui revient le plus souvent est « cruel » et non pas « complet », mais on ne s’arrêtera pas à si peu. Plus près de nous, Danielle Mitterrand embrassait Fidel Castro sur le perron de l’Elysée (1995), déclarait qu’elle ne savait pas s’il y avait des prisonniers politiques à Cuba et prenait la défense du régime dans ses mémoires (Ramsay, 1996).

Franchement oui, on a une carte à jouer : quel autre pays aurait osé un pareil soutien ? On a bien quelques noms en tête mais, franchement, ils ne sont pas assez fréquentables.

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