Civilisation
De nouveaux types de dictature qui attestent le retour de la prévalence de la Realpolitik
Le caractère révolu des dictatures fascistes et communistes.
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L’Atelier Rosa Bonheur a réédité en version intégrale la biographie de Rosa Bonheur écrite par Anna Klumpke elle-même (qui vécut dix ans aux côtés du peintre), éditée en 1908 et jamais rééditée depuis.
Ce livre, sous forme de journal, est pourtant la biographie de référence de cette immense artiste que fut Rosa Bonheur, spécialisée dans la représentation animalière et personnage féminin hors norme à plus d’un titre. Se plonger dans cette biographie est un véritable délice. D’abord parce que son auteur, très grande artiste elle-aussi, fut d’abord l’admiratrice, avant de devenir l’amie, puis la colocataire et enfin la légataire de Rosa Bonheur. La biographie est donc aussi, dans sa première partie, l’histoire de cette rencontre qui s’étale sur plusieurs années, et se situe entre l’Amérique d’où vient Anna Klumpke et où Rosa Bonheur était déjà célèbre, et le château de By où Rosa Bonheur demeure, entourée d’animaux de toute sorte, avec son style vestimentaire si particulier qui fit aussi sa renommée et son atelier d’où émergent tant de chefs-d’œuvre.
La seconde partie de l’ouvrage retrace la vie de Rosa Bonheur telle qu’elle s’en est confiée à Anna Klumpke. Dotée d’une personnalité vive, primesautière, très garçon manqué, Rosa Bonheur est entrée « en peinture » comme on entrerait dans les ordres. Bien qu’elle partageât son quotidien avec son inséparable amie d’enfance, Nathalie Micas, jusqu’à la mort de cette dernière en 1889, toute sa vie fut consacrée à son art, rien ne l’en détourna jamais et certains tableaux pouvaient rester inachevés des années tant qu’ils n’atteignaient pas à ses yeux la perfection du réalisme qu’elle recherchait. Très tôt, elle fut remarquée dans les Salons, connut un succès phénoménal Outre-Manche, et fut la première femme artiste à être décorée de la Croix de la Légion d’honneur des mains même de l’impératrice Eugénie.
Rosa Bonheur est une femme à la destinée extraordinaire, originale, indépendante, qui marqua son époque durablement par son génie et sa personnalité. Profondément libre sans être réactionnaire pour autant, elle tenait à ce que les femmes prennent leur place dans la société dès lors qu’elles avaient le talent et l’esprit pour le faire. On reconnaissait, disait-elle, la qualité d’une civilisation à l’intelligence de l’éducation et au respect réservés à ses femmes.
Ne cessant jusqu’à son dernier souffle à se perfectionner dans son art, elle meurt en 1899 à Thomery d’une congestion pulmonaire à 77 ans, et fut enterrée au Père-Lachaise dans la tombe de Nathalie Micas dans laquelle devaient les rejoindre les cendres d’Anna Klumpke avec cet épitaphe : l’amitié est une affection divine.