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Qui sème le vent…

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Qui sème le vent…

Ce n’est pas aux provocations de Charlie Hebdo que l’on pense en évoquant cette formule même si elle pourrait leur être appliquée. Mais il est clair que ces provocations, quelles qu’elles aient pu être, ne peuvent en rien justifier l’acte barbare qui vient d’être commis.

Non, ce à quoi on pense – car après le recueillement, il faut bien penser – c’est aux racines mêmes de cette barbarie. Car enfin, il faudra peut-être un jour se décider à aller au fond des choses et cesser de brandir ce voile de l’islamisme qui nous permet si facilement de ne pas voir que nous, Européens, sommes peut-être les premiers responsables de cette barbarie. Avec au premier rang de ces premiers responsables… les premiers Indignés d’aujourd’hui.

Dans l’alchimie intellectuelle de terrorisme musulman, mettons qu’il y ait un tiers d’Islam, mais c’est un petit tiers. S’y ajoute un bon tiers d’excitation médiatique, la drogue mortelle de la Modernité. Et enfin – et c’est celui-ci que l’on tend à occulter – un gros tiers de formatage idéologique : l’idéologie de la violence, de la révolution, de la lutte des classes sans cesse réinventée.

On ne remontera pas, ici, aux Pères fondateurs de cette idéologie, mais pensons à toutes ces petites mains (sanglantes) dont on a, pendant des lustres, fait briller l’étoile aux yeux des Damnés de la terre, selon le titre du célèbre ouvrage de Frantz Fanon.

Le « Che », par exemple, pour n’en citer qu’un de mémoire encore fraîche : «  La haine intransigeante de l’ennemi qui pousse au-delà des limites naturelles de l’être humain, qui en fait une efficace machine de guerre à tuer, violente, sélective et froide… Nos soldats doivent être ainsi… etc. ». (Œuvre révolutionnaire – Maspero ­ 68 II, p. 285).

Ou bien ce Frantz Fanon que je citais dont le livre fut, pendant des décennies, la bible des « colonisés » : « Seule la violence paye, c’est la mitraillette qui libère et non le rêve religieux des anciens cultes qui fournissent tout au plus un exutoire… etc. ». Un livre dont la première édition fut honorée de la préface du Maître-penseur du moment, un certain Sartre, dans sa période maoïste, où il expliquait qu’en tuant un colon, le colonisé faisait d’une pierre deux coups : « Abattre un Européen, c’est supprimer un oppresseur et un opprimé. Restent un homme mort et un homme libre ». Le même expliquant par ailleurs (« Actuel », février 1973) qu’il était « partisan de la peine de mort politique » : « un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus qui le menacent et je ne vois pas, là, d’autre moyen que la mort. On peut toujours sortir d’une prison. Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué (sic !) et ont ainsi inconsciemment servi un retour à l’ordre, puis la Restauration… etc ».

Telles sont, concluait le regretté Jean Brun qui le cite, les exigences des « chemins de la liberté » ! (Vérité et Christianisme – Librairie Bleue 1995, p. 65.).

La liberté, voilà bien justement une seconde question de fond à reprendre, car lorsqu’on lit la plupart des commentaires publiés ces jours-ci autour de la liberté d’expression, on est effaré par cet absolutisme de la liberté qui nous a saisis.

Ainsi, pour exemple à nouveau, celui-ci cueilli sous la plume d’une chroniqueuse habituellement mieux inspirée : « nous avons tous compris dans notre chair et dans notre âme ce que nous pressentions jusque là : la liberté sans la provocation ce n’est pas ce que nous appelons la liberté » (G. Jurgensen – La Croix 10-11 janvier 2015).

Si c’est cela que nous avons retiré des évènements, c’est pauvre et cher payé !

Une valeur – la liberté incluse – n’a pas de valeur par elle-même. Elle tire sa valeur de la tension qu’elle entretient avec des valeurs de valeur égale. Qu’est-ce que la liberté sans la responsabilité et les vertus qui vont avec : modération, prudence, respect… ? Réponse : une forme de terrorisme.

Combien nous faudra-t-il de morts pour le comprendre ?

 

 

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