Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Voici un livre petit par la taille mais tout à fait important par son contenu. En moins de 200 pages remarquables, Jean-Marie Salamito fait la généalogie de l’idée du travail dans la pensée chrétienne des Pères de l’Église. Le pari n’est pas mince.
Comment le christianisme s’est-il emparé de la question économique à ses débuts ? Comment va-t-il fonder une éthique du travail dans des sociétés esclavagistes et fortement inégalitaires ? Le résultat de l’enquête est, ici, tout à fait éclairant.
L’héritage des auteurs grecs et latins, contrairement à bien des idées reçues, est essentiel. Mais c’est bien le christianisme qui établit toute la dignité du manœuvre, de celui qui travaille de ses mains comme Joseph et le Christ, ou les Apôtres. Les Pères ne pouvaient pas se désintéresser du sujet. Sans établir une quelconque théorie économique, le christianisme affirme la nature salvatrice du travail et apporte l’essentiel, une dimension éthique à l’activité humaine (inutile d’attendre Max Weber pour s’en apercevoir). Face aux contraintes du temps que sont l’esclavage antique ou le servage, faits contingents et non théologiques, les écrits répondent mais aussi les pratiques. Car il y a de l’économique dans toutes les pratiques religieuses, regardons l’œuvre monastique si considérable. L’entraide communautaire est bien au cœur de l’activité chrétienne. Reste la question morale ou méprisable du commerce et, donc, du bénéfice non productif. Saint Augustin répond par le primat de la responsabilité et de la liberté individuelle.
Jean-Marie Salamito procède par une analyse fine et érudite de plusieurs générations d’auteurs. Il n’hésite pas à revenir sur les penseurs modernes pour confronter les hypothèses et, si nécessaire, réfuter les clichés. Au bout du compte, ce grand livre est une synthèse exceptionnelle sur la cohérence du discours chrétien à l’égard des activités économiques.