En 1878, Robert Louis Stevenson guidé par l’envie d’aventure et le plaisir de savourer pleinement ce qu’il vit, à chaque instant, décide de parcourir les Cévennes à pied avec pour seule compagnie une ânesse qu’il baptise Modestine. Du Monastier près du Puy-en-Velay jusqu’à Saint-Jean-du-Gard près d’Alès, au fil de son périple il relève le charme que dégage cette terre cévenole marquée par l’histoire, se nourrit des lieux et des rencontres passionnantes tissées au hasard de la route, le plus souvent des paysans. Cheminant près de l’auteur (incarné par Maxime Bentegat, très convaincant), nous découvrons combien les chagrins d’amour sont une source créative car c’est à cause ou grâce à sa séparation d’avec l’amour de sa vie, Fanny Osbourne, dont le spectre ne le lâchera pas, qu’il a décidé de s’évader, de voyager pour oublier et s’inspirer. De cette traversée naîtra Voyage avec un âne dans les Cévennes, publié en 1879, qui dresse un portrait presque journalistique de cette France profonde en cette fin du XIXe siècle, avant l’Ile au trésor qui fera de Stevenson l’un des plus grands auteurs de la littérature mondiale. Portée par la qualité magnétique des interprétations, l’ambiance sonore et les décors, la mise en scène ingénieuse de Fanette Jounieux fait résonner la poésie du texte et célèbre l’écrivain en devenir dans ce besoin de retraite volontaire et nécessaire avec « cette relation à l’effort physique où le corps délassé permet à la pensée de toucher avec plus de force le cœur des choses ».

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