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Le pied dans un nid de frelons [PM]

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Le pied dans un nid de frelons [PM]

Les réalités historiques du Proche-Orient supposent que les Occidentaux (ici John Kerry et Laurent Fabius) sortent de l’ambiguïté pour en revenir au seul système international ayant démontré son efficacité : celui des relations d’État à État.

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Pour les Occidentaux en général et les Français en particulier, s’engager à nouveau militairement au Proche-Orient après les peu concluantes interventions en Afghanistan et en Irak devrait faire l’objet – à défaut de décisions parlementaires formelles dont Washington comme Paris se dispensent désormais –, au moins, d’une sérieuse discussion. Qui est l’adversaire ? Quel est l’« état final recherché », comme disent les militaires ? Et avec quels moyens ? Aucune de ces questions n’a pour l’instant clairement été posée.

De l’« État islamique », on retiendra que son idéologie n’est pas une nouveauté dans l’histoire de la région, mais qu’elle y réapparaît de façon récurrente. Daesh est le produit de trois phénomènes concomitants. Le premier, c’est la guerre de religion que se livre chiites et sunnites depuis les origines de l’Islam. L’« État islamique » n’est cependant pas le produit d’un développement purement sui generis : le deuxième facteur de son apparition tient à la décomposition totale ou partielle de la Syrie et de l’Irak, deux États stabilisateurs de la région. Cette décomposition a été provoquée directement par les Américains et les Britanniques dans le cas de l’Irak ; indirectement par les Américains et les Français dans le cas de la Syrie car l’aide plus ou moins occulte apportée aux adversaires de Bachar el-Assad a considérablement affaibli le régime. Troisième facteur : le soutien financier et logistique aux groupes salafistes par l’Arabie saoudite, la Turquie et… le régime syrien. Les « adversaires » en présence sont donc nombreux. Parmi eux, deux sont des alliés – au sens juridique du terme – ou des partenaires des Occidentaux : la Turquie et l’Arabie saoudite. Qui avait parlé « d’Orient compliqué » ?

Pétrole et immigration

L’« état final recherché » peut être défini de façon plus simple. Gardons-nous d’évoquer « la démocratie » ou les « printemps arabes », tous deux hors de saison. Les objectifs raisonnables sont les suivants : empêcher l’importation du phénomène en Europe ; limiter, dans la mesure du possible, son extension vers d’autres régions du Proche-Orient, d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire déjà fort atteintes pour certaines d’entre elles ; garantir des conditions de vie supportables aux minorités du Proche-Orient, et d’abord aux Chrétiens qui sont considérés comme nos alliés – c’est donc aussi une question de crédibilité – ; bloquer la vague migratoire qui, depuis le Proche-Orient et l’Afrique orientale, déferle sur l’Europe et que la Libye de Kadhafi et la Syrie de Bachar el-Assad parvenaient plus ou moins à endiguer. Quant au pétrole dont ces régions regorgent, si son approvisionnement est largement passé sous contrôle de Daesh, il est moins indispensable à l’Europe que durant les années 70. Les Américains, eux, n’en dépendent plus. Cette question n’est donc pas la plus urgente même si, eu égard à ce contexte, il aurait évidemment mieux valu ne pas se lancer dans une guerre économique contre la Russie au même moment…

Deux remarques s’imposent. Les Occidentaux ont construit, depuis les traités de Westphalie, un système international reposant sur des États, plus tard des États-nations. Depuis le XVIIe siècle, c’est dans le cadre des États, et uniquement des États, qu’est bâti le système international. C’est entre États qu’on négocie et coopère, qu’on exerce des pressions et qu’on impose, par la force le cas échéant, son point de vue. Or, dans cette région, prime la perception d’une « communauté de croyants ». L’optique est toute différente ! Sauf exception, les Occidentaux n’ont donc aucun intérêt à appuyer des mouvements d’opposition qui ne veulent pas simplement se substituer au pouvoir étatique en place, mais qui veulent le dissoudre au sein de l’« Oumma » de la communauté des croyants. Cela vaut pour les Frères musulmans comme pour Daesh.

La deuxième remarque ressortit aux réalités propres à l’Islam. Si les Occidentaux ne peuvent s’abstraire totalement de la fracture chiites-sunnites, ils ont toutefois intérêt à s’en mêler le moins possible. Cependant les chiites, n’ayant d’autres ambitions que régionales, sont moins un danger que les sunnites radicaux dont les velléités expansionnistes sont sans limites. Si on ne tient pas compte de cette réalité, le risque serait de servir de supplétifs aux monarchies du Golfe et de se retrouver impliqué dans une guerre de religion qui ne nous concerne en rien… Ou, à l’inverse, d’être le jouet de la politique d’Israël, comme souvent les États-Unis.

De fait, la seule carte envisageable est de miser sur les États de la région qui, seuls, stabilisent une contrée en proie aux radicaux de tout poil. En clair, il faut « faire avec » la Syrie d’Assad, l’Iran des mollah et l’Égypte du maréchal al-Sissi qui revient d’ailleurs sur le devant de la scène. Leurs intérêts convergent en effet avec les nôtres : ils ne tireraient aucun avantage à la constitution d’un État islamique aux contours flous et jamais rassasié de conquêtes ; le sort des minorités dans leurs pays est relativement acceptable ; enfin, une politique d’accommodement raisonnable pourrait être conclue avec eux en vue de freiner les courants d’immigration vers l’Europe.

Indispensable coopération

Une réelle coopération, au-delà d’une convergence de fait, ne serait, certes, pas toujours possible. Mais au moins aurait-elle le mérite d’une certaine cohérence. Or, que font actuellement les Occidentaux ? Ils bombardent des objectifs en Irak en recueillant l’autorisation de Bagdad et font de même en Syrie mais sans consulter Damas, niant ainsi la souveraineté de l’État syrien. Dans un cas, on applique les règles de comportement normal entre États ; de l’autre, on sape les fondements mêmes du système international que l’on prétend défendre par ailleurs ! Quand, en outre, on a appuyé des opposants au régime syrien, dont certains se retrouvent aujourd’hui du côté de l’État islamique, la politique suivie devient illisible.

Il est cependant vrai qu’une telle logique « étatique » comporte ses propres difficultés. En particulier, parce que l’Arabie saoudite et la Turquie jouent des jeux égoïstes et ambigus : le premier n’est pas fondamentalement opposé au salafisme de l’État islamique ; le second préfère encore ce dernier à la constitution d’un État kurde dans la région. Mais ces pays restent des États, avec des intérêts nationaux : il est donc possible de discuter avec eux et, au besoin, de les soumettre à une pression diplomatique pour faire valoir nos vues.

Appliquer réellement cette logique permettrait aussi de limiter les engagements militaires occidentaux directs, même sous la forme de frappes aériennes ou d’actions de drones dont l’expérience montre qu’elles ne sont pas décisives sans des alliés efficaces sur le terrain et qui, en outre, braquent les populations et les poussent dans les bras des extrémistes. Enfin, elle ne susciterait plus l’opposition systématique de la Russie et de la Chine. Or, dans l’État de crise générale où ils se trouvent – bien différent de la situation en 1991 ou 2003, lors des deux guerres contre l’Irak, après l’effondrement du bloc soviétique et dans une phase de développement et de prospérité –, les Occidentaux ont peu de chances de contenir l’islamisme radical s’ils refusent tous compromis avec Moscou et Pékin. Comme disait Moltke, « la stratégie est un système d’expédients »…

A l’origine du chiisme

La division de l’islam en deux grands courants – sunnisme, chiisme – remonte aux premiers temps de la religion au croissant. A la mort de Mahomet, en 632, se pose la question de sa succession. Une faction, minoritaire, soutient Ali, gendre et cousin de Mahomet pour prendre la tête du califat. Une autre, emmenée par sa jeune veuve, Aïcha, entend, au nom des traditions tribales, désigner un homme ordinaire. C’est eux qui obtiennent gain de cause. Abou Bakr, commerçant de La Mecque, est désigné par une assemblée de notables et devient le premier calife de l’islam. Lui succèdent Omar et Uthman, ce dernier assassiné en 657. Ali revient alors sur le devant de la scène : il est désigné 4e calife de l’islam. Lorsqu’il est à son tour assassiné, en 661, c’est son fils, Hassan, qui est élu calife ; mais un rival, Mu’âwiyya, le fit emprisonner et, s’emparant de la charge élective, se proclama roi. Il est le fondateur de la dynastie des Omeyyades qui prend Damas comme capitale.

Cette prise de pouvoir imposa au monde musulman naissant la suprématie ethnique et politique du clan des grands marchands caravanier de La Mecque. Le « parti » (chî’â, d’où chiisme) « légitimiste » des « compagnons médinois de Mahomet » prit position contre les Mecquois mais fut plusieurs fois vaincu. La révolte chiite ne fut réprimée qu’en 698, mais le « parti de Ali » se transforma en courant religieux, de caractère crypto-mystique, entraînant la plus grande scission au sein de la communauté islamique. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux courants reposent donc sur une querelle de succession. Les sunnites considèrent le Coran comme une œuvre divine : l’imam est un pasteur nommé par d’autres hommes, faisant office de guide entre le croyant et Allah pour la prière ; dans certaines situations, il peut s’autoproclamer. A l’inverse, les chiites considèrent l’imam, descendant de la famille de Mahomet, comme un guide indispensable de la communauté, tirant directement son autorité de Dieu. C’est pourquoi leur clergé est très structuré.

Conséquence pratique : alors que les sunnites acceptent que les autorités religieuse et politique soient fondues dans la même personne, les chiites prônent une séparation claire.
Le chiisme regroupe aujourd’hui environ 10 à 15 % des musulmans. Les seuls pays à majorité chiite sont l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan et Bahreïn, mais d’importantes minorités existent au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Liban.

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