Civilisation
Blake et Mortimer en toute liberté
L’Art de la guerre n’appartient pas à la collection standard de la série Blake et Mortimer mais à la série « Un autre regard sur Blake et Mortimer ».
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En 1943-44 paraissaient dans Bravo les planches de la toute première bande dessinée d’Edgar P. Jacobs, Le Rayon ‘U’, un ersatz de Flash Gordon que les censures allemandes interdisaient de publication.
Ces pages toutes inspirées d’Alex Raymond donnèrent, en 1974, un album entièrement remanié par celui qui était devenu le créateur de Blake et Mortimer. Jean Van Hamme, récemment, a proposé à son éditeur de dessiner la suite du Rayon ‘U’, 80 ans après. Un vrai défi éditorial, relevé par les éditions Blake et Mortimer. Le dessin de cette nouvelle aventure a été confié à Etienne Schréder pour les décors et à Christian Cailleaux pour les personnages. La couleur, quant à elle, élément primordial dans les albums jacobsiens, a été réalisée par Bruno Tatti, dans des teintes qui rappellent les encres de couleurs d’antan. Le résultat ? La Flèche ardente. Un album nostalgique, une belle suite picaresque, que Jacobs n’aurait pas reniée, et qui explique, enfin, ce qu’était le fameux rayon.
Le cruel Babylos III, empereur d’Austradie, ordonne au général Robioff, chef suprême de son armée, de s’emparer des Îles Noires et de leur précieux gisement d’uradium. Ce métal rarissime, associé au fameux rayon ‘U’, devrait en effet permettre de créer une arme terrifiante. C’est le secret de cette arme que le professeur Marduk révèle au Grand Conseil de Norlandie, ennemie jurée de l’Austradie. Mais outre la guerre qui se déclenche et les tentatives de l’adversaire pour s’emparer du secret, l’usage de l’uradium, « pierre de vie et de mort », est proscrite par Puncha Taloc, le dieu du feu protecteur des Îles Noires. Nos héros norlandiens auront donc fort à faire pour se sortir du terrifiant dilemme qui s’imposera à eux…
Les planches du Rayon ‘U’ contenaient en germe bien des scènes à venir des Blake et Mortimer. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans La Flèche ardente des références graphiques appuyées au Piège diabolique, au Secret de l’Espadon. Même Lord Calder, l’un des héros, qui revient sous les pinceaux de Christian Cailleaux, ressemble comme deux gouttes d’eau à Francis Blake, autrement dit à Jacques Laudy, un ami de Jacobs peintre et dessinateur, qui lui servit alors de modèle. Les auteurs de cette reprise ont pris grand plaisir à imaginer cette nouvelle aventure. Aura-t-elle des suites ? Deviendra-t-elle une grande série ? On ne peut que le souhaiter à l’éditeur, qui parie, ce printemps, sur un succès éditorial en imprimant 100 000 exemplaires de cette Flèche ardente, qui restera comme un tour de force.