Civilisation

Magnifique et surchargé
Chaque année un nouvel album de Blake et Mortimer vient se rajouter à la liste, déjà longue, des albums post-Jacobs.
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François Rivière, qui aime la littérature anglaise et la bande dessinée belge, a été un enfant rêveur et gravement malade, né en 1949, élevé en Charente, qui est entré en religion bédéiste avec Le Mystère de la Grande Pyramide, aventure de Blake et Mortimer : il n’en est plus jamais sorti.
Après ses biographies de Chesterton et Alan Turing, ses essais sur Jacobs, ses scénarios si anglais pour Floc’h et Berthet, le voilà qui, comme tout bon auteur, raconte ses mémoires. Oh, très brièvement, et uniquement de lecteur, d’amateur, de fervent de la bande dessinée. C’est un récit charmant, où les flottes romaines en pâte à modeler, surgies d’Alix l’intrépide, croisent des années plus tard la femme d’E. P. Jacobs, remplissant de whisky le verre de Rivière avec une bienveillance impitoyable. Les souvenirs s’égrènent, des albums oubliés de tous sauf des spécialistes apparaissent le temps d’un regret désormais planté dans le lecteur. Les figures des auteurs sont évoquées comme de chers fantômes, tel Macherot, cultivé et dépressif, et Craenhals, Jacques Martin, à qui Rivière conseille Thomas Mann (il ne sait parler que littérature à ses grands hommes), Hergé, bien sûr, tous les auteurs des albums du Lombard que François Rivière, enfant, collectionnait avec passion. Les photos au dos des albums se sont animées et leurs ombres revivent dans ces pages.