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Le couple à l’épreuve de la science féministe

Maïa Mazaurette refuse de considérer que les relations physiques engagent plus que l’épiderme des protagonistes. Pourquoi ? Parce qu’il faut absolument rétablir la fausse égalité entre hommes et femmes, ces dernières ayant naturellement tendance à s’attacher puisqu’elles désirent donner la vie. Mais justement…

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Le couple à l’épreuve de la science féministe

Je vois fréquemment passer sur mon fil d’actualité des articles commis par une certaine Maïa Mazaurette pour Le Monde et pour France Inter. Cette personne semble être devenue l’autorité en matière de sexualité pour ces deux « médias de référence » ; autant dire l’autorité en matière de sexualité pour les gens qui se veulent progressistes, éclairés, et féministes. Car, bien sûr, dame Mazaurette revendique pour elle-même le qualificatif de féministe. Ce n’est pas comme s’il pouvait y avoir le moindre doute à ce sujet, mais c’est encore mieux si l’intéressée elle-même le dit. Il se trouve que, dans l’une de ses dernières chroniques qui m’est tombée sous les yeux, dame Mazaurette sonne la charge contre l’idée que le sexe serait « le ciment du couple ». Idée qu’elle dit détester tout particulièrement et qui, selon elle, est « un concentré de tout ce qui ne va pas dans notre vision de la sexualité ».

Bien évidemment, lire les articles de dame Mazaurette, qu’elle semble usiner au kilomètre, est à peu près aussi informatif et passionnant que de regarder de la peinture sécher, car notre « autrice » n’a inventé ni la dialectique ni le fil à couper le beurre et, par ailleurs, les féministes sont notoirement inérotiques. Lire un article féministe sur la sexualité est bien plus efficace qu’un bain de siège glacé pour calmer des ardeurs intempestives. Mais cet articulet sur « le sexe ciment du couple » vaut qu’on s’y attarde un peu car, en nous expliquant « tout ce qui ne va pas dans notre vision de la sexualité », dame Mazaurette met aussi en lumière, involontairement, tout ce qui ne va pas dans la compréhension féministe de la sexualité. L’article de dame Mazaurette est ce que l’on pourrait appeler « un cas éminent », suivant l’expression de Péguy, et mérite donc qu’on lui accorde plus de temps et de réflexion que l’auteur lui-même ne lui en a consacré, ce qui certes ne sera pas un effort considérable. Tout commence par une métaphore prise en un sens littéral, donc, à strictement parler, par une démonstration de stupidité.

Prétendue science et paranoïa 

Dame Mazaurette analyse l’idée que le sexe serait le ciment du couple comme si cette expression décrivait de manière précise et exhaustive le rôle de la sexualité dans la vie de couple. Cela lui permet de se gausser à peu de frais : la sexualité ne peut pas être le ciment du couple, ce qui fait tenir ensemble un homme et une femme, étant donné que « la science nous démontre » que « le sexe est le premier truc qui disparaît dans le couple ». Ahaha ! Sont-ils bêtes et ignorants, les gens ! Mais non, écoutez-moi, bande de benêts : « nos engagements durables sont faits de pizza froide et de canard WC : voilà, ça au moins ça tient la route ! ». Ahaha ! Mort de lol.

Cette manière de procéder est tout à fait symptomatique. Pour démonter les « préjugés » ou les « clichés », on commence par leur donner une précision et une portée qu’ils ne prétendent nullement avoir. Par exemple, face à des affirmations comme « les hommes sont ceci » ou « les femmes sont cela », on feindra de prendre ces propositions générales pour des vérités universelles : « tous les hommes sont ceci » ou « toutes les femmes sont cela », et on en aura bon marché en citant les nombreux contre-exemples qui, inévitablement, existent. Bref, on traitera l’opinion commune comme si elle était un ensemble de propositions scientifiques. 

Seulement, bien sûr, l’opinion commune, ce que les féministes appellent des « préjugés », ne prétend nullement à la scientificité. Elle énonce non pas des propositions démontrables et toujours vraies, mais juste ce qui lui parait être vrai la plupart du temps, dans la plupart des cas. Par ailleurs les opinions communes n’ont pas la netteté d’une proposition scientifique : les termes sont souvent ambigus, les propositions elles-mêmes souffrent le plus souvent et même appellent plusieurs interprétations différentes ; bref, l’opinion commune essaye de cerner des phénomènes élusifs et reflète par conséquent leur ambivalence. Elle appelle non pas une réfutation à l’aide de jugements apodictiques mais un approfondissement dialectique, du genre de celui que pratiquait Socrate avec les opinions de ses contemporains. Après le temps de « la science » censée réfuter l’opinion commune (la « science » en question étant, on le suppose, les études d’opinion du genre « la sexualité des Français »), vient le temps de la paranoïa.

L’opinion commune étant nécessairement et évidemment fausse, elle doit nécessairement et évidemment cacher un motif ignoble. Si les gens soutiennent mordicus des propositions manifestement fausses, c’est qu’ils ont un intérêt personnel à les soutenir. Cet intérêt n’est pas difficile à débusquer (surprise, c’est toujours le même). Notre autrice explique : puisque « la science » nous démontre que « les femmes se lassent avant les hommes du sexe conjugal », alors « quand on répète que le sexe est le ciment du couple, c’est très spécifiquement aux femmes qu’on demande de faire de la maçonnerie. » 

Contre tout engagement

L’idée que le sexe serait le ciment du couple n’est donc qu’une manière de culpabiliser les femmes pour les soumettre aux hommes et au désolant « devoir conjugal ». Si madame n’accède pas aux désirs de monsieur, qu’elle ne partage pas, alors « elles vont détruire leur couple, finir à la rue, faire pleurer leur chien et traumatiser leurs enfants. » (Ahaha ! Humour !) En fait, la conséquence ne parait pas bonne, car si madame n’a plus envie de baiser, il serait tout aussi logique que monsieur prenne une (ou plusieurs) maitresses, et/ou qu’il aille « voir les filles » comme on disait autrefois. Cette option est d’ailleurs souvent, semble-t-il, celle que préfèrent les hommes, et on ne voit pas bien en quoi elle devrait déranger les femmes. Car si, comme le dit dame Mazaurette, le sexe n’est nullement le ciment du couple, alors madame devrait être plutôt soulagée de se voir débarrassée de la corvée du « devoir conjugal » sans pour autant mettre en péril son couple. Monsieur a du sexe, madame a la paix, et tout le monde est content. Ou alors serait-ce que, finalement, la sexualité a quelque chose à voir avec la solidité d’un couple ? Non, non, cela ne se peut, « la science » nous dit le contraire ! Mais poursuivons.

Dire que le sexe est le ciment du couple est une manière de soumettre les femmes au « devoir conjugal » (patriarcal, forcément patriarcal) et derrière ce prétendu devoir déjà assommant en lui-même, on sait bien que se cache une réalité plus sinistre : « Pour peu que votre conjoint soit manipulateur ou violent, on n’est pas nécessairement très loin de la justification du viol conjugal », nous rappelle dame Mazaurette. Derrière les « préjugés sexistes » on trouve bien évidemment la « culture du viol », Harvey Weinstein et Dominique Strauss-Kahn en tête. C’est tout à fait comme le fameux « continuum des violences » : si vous sifflez au passage d’une jolie fille dans la rue ou bien si vous dites à votre compagne qu’elle a un peu pris du cul, c’est que vous êtes un émule de Landru. Vous savez, celui qui voulait ramener les femmes au fourneau. Heureusement, dame Mazaurette veille au grain pour débusquer le sexisme partout où il se trouve (partout, justement).

Une sexualité « virilement indépendante »

Puis vient la conclusion, qui se veut définitive : « la pizza froide est le ciment du couple, car le sexe n’engage rien d’autre que les terminaisons nerveuses. Et c’est très bien comme ça. » Dans cette phrase finale se dévoile le programme fondamental des féministes en matière de sexualité : le sexe ne DOIT rien engager d’autre que les « terminaisons nerveuses ». Le sexe ne doit rien être d’autre qu’une agréable gymnastique entre adultes consentants, dénuée d’implications morales et de responsabilités. Ce qui a pour conséquences pratiques, d’une part, le fait d’encourager les femmes à avoir une sexualité « virilement indépendante » (dixit sainte Simone), c’est-à-dire à multiplier les partenaires et les « expérimentations », et d’autre part à exiger que les pouvoirs publics leur garantissent l’avortement à la demande.

En ce sens, dame Mazaurette ne se trompe pas en vouant aux gémonies l’idée que le sexe serait « le ciment du couple », car cette idée est effectivement anti-féministe. Cette idée signifie non pas, comme Dame Mazaurette affecte de le croire, que le sexe serait le seul liant entre un homme et une femme mais, plus modestement, que la sexualité est impliquante ou, si l’on préfère, qu’il est impossible de séparer totalement le corps et l’âme. Les sentiments amoureux mènent naturellement à la sexualité et la sexualité mène naturellement aux sentiments amoureux même si, bien sûr, le chemin est loin d’être toujours une ligne droite. Il s’agit d’une tendance, d’une tendance forte, pas d’une nécessité géométrique.

Mais l’idée que le sexe pourrait engager plus que les « terminaisons nerveuses » est anathème pour les féministes, car elles savent bien (tout en le déplorant amèrement) que, de ce point de vue-là, les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Les hommes sont beaucoup plus capables que les femmes de séparer la sexualité du reste de l’existence et de n’y voir qu’une agréable gymnastique. Les femmes, elles, lorsqu’elles s’essayent à une sexualité « virilement indépendante », font le plus souvent (après une brève phase de découverte où tout semble se dérouler comme prévu) l’expérience qu’il leur est très difficile de ne pas développer des sentiments d’attachement et de vulnérabilité envers les hommes avec lesquels elles couchent, quand bien même elles sont intimement persuadées de ne rien vouloir « construire » avec eux. « Mais pourquoi ne m’a-t-il pas rappelé après notre partie de jambes en l’air, ce salaud dont je n’ai rien à foutre ? ! » Voilà, en somme, ce que beaucoup se surprennent à éprouver (et que « la science » qu’aime tant dame Mazaurette nous confirme, s’il en était besoin) et ceci, d’un point de vue féministe, est très grave. Inacceptable, même, et donc à déconstruire.

Une friction de terminaisons nerveuses

Dame Mazaurette n’a pas tort non plus de penser que, au sein d’un couple ordinaire, les femmes ont plus souvent à faire leur « devoir » que les hommes. Chez les hommes le désir sexuel est moins fluctuant et, en un sens, moins compliqué, que chez les femmes. Les hommes expérimentent souvent le besoin sexuel comme un véritable besoin, quelque chose qui est de l’ordre de la nécessité physique et qui s’impose très fortement à vous, ce qui n’est d’ailleurs pas forcément agréable. Les romans de Houellebecq, par exemple, décrivent fort bien cette condition masculine, qui peut être assez misérable. Les femmes, en revanche, expérimentent rarement la sexualité comme une pulsion impérieuse. Elles sont, en un sens, plus libres.

Dans l’ordre ancien, l’ordre « sexiste » reposant sur des observations millénaires, on concluait de cet état de fait que la sexualité masculine a grand besoin d’être civilisée et que cette tâche incombe principalement aux femmes, précisément parce qu’elles sont un sexe plus naturellement continent et sentimental. Il s’ensuivait tout un tas de choses, qui déplaisent souverainement aux féministes et que je n’ai pas besoin de détailler ici. Mais l’ordre ancien – qui, bien sûr, était loin d’être parfait, car quel arrangement social peut l’être ? – a été remplacé par l’ordre féministe, dans lequel « la science » est censée remplacer le sens commun (mais uniquement lorsque les conclusions de « la science » s’accordent avec les prémisses féministes). La paranoïa a remplacé l’effort pour comprendre l’autre sexe et trouver des arrangements raisonnables, et la sexualité a été réduite à une friction de terminaisons nerveuses. 

Dans cette ordre nouveau, dame Mazaurette peut gagner sa vie en prêchant le faux et en contribuant à rendre hommes et femmes malheureux, mais plus particulièrement les femmes, car il est de leur nature de vivre plus mal que les hommes le fait de ne pas parvenir à fonder et à maintenir une famille. Comme ciment du couple, dame Mazaurette mentionne le partage des tâches ménagères et les loisirs, mais elle ne dit pas un mot des enfants, qui pourtant sembleraient devoir se poser un peu là, comme lien entre un homme et une femme. Hasard ? Je ne crois pas.

 

Illustration : Maïa Mazaurette au Salon du chocolat et à Solidays. La « pétillante quadragénaire […] veut éviter “une parole intellectuelle surplombante” et privilégier “quelque chose de plus premier degré”. » (Télérama)

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