Civilisation
Juste un souvenir
Avec Myriam Boyer. Mise en scène de Gérard Vantaggioli. Avec la participation de Philippe Vincent
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
d’Octave Mirbeau (1848-1917). Mise en scène Nicolas Briançon. Avec Lisa Martino.
Nicolas Briançon, connu pour ses talents de comédien, met une fois de plus sa virtuosité de metteur en scène au service du grand roman social d’Octave Mirbeau. Début du XXe siècle, en province. Célestine, embauchée comme domestique chez des notables, nous raconte sa vie de chambrière. Son récit, acide, très imagé, dresse le tableau au vitriol d’une société bourgeoise experte en « petites et grandes humiliations sous les apparences de la vertu ». Tout en méprisant ses maîtres, elle n’a pas plus d’indulgence pour le personnel ancillaire. Elle-même ne s’épargne pas lorsqu’elle parle de son penchant pour les canailles. Personnage attachant par sa vivacité et son impertinence, Célestine cabriole entre les émotions et emplit tout l’espace et les cœurs en nous embarquant dans son quotidien raccroché aux souvenirs d’une enfance sordide, confronté à la solitude, celle de ne compter pour personne. La pièce, située à la Belle Époque sur fond d’affaire Dreyfus, met en lumière la peur sociale, la peur raciale et, à travers le regard de Célestine, passe toute la rage muette et la souffrance d’une domesticité qui n’est pas sans rappeler Les Bonnes de Jean Genet ou Un cœur simple de Flaubert. L’adaptation que signe Nicolas Briançon, portée par l’interprétation magnifique de Lisa Martino dans le rôle de Célestine, permet de percevoir intactes la force et la pertinence de l’œuvre dans toute sa vérité, « cette tristesse et le comique d’être un homme. Tristesse qui fait rire, comique qui fait pleurer ». À ne pas manquer.