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Conseil national de la refondation : Macron en son conseil ?

Emmanuel Macron n’aime pas les institutions qui l’ont placé à leurs têtes et ne rêve que de démocratie directe, sans plus aucun contre-pouvoir parlementaire. Piochant dans l’héritage de la Résistance, il pioche en fait dans celui de la technocratie naissante que Vichy porta au pouvoir.

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Conseil national de la refondation : Macron en son conseil ?

Tout feu, tout flamme, peu de temps après sa réélection, Emmanuel Macron avait annoncé un « Conseil national de la refondation ». Le 4 juin dernier, il avait informé l’opinion de la création d’une instance qui réunira « les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et des citoyens tirés au sort ». Mais surtout, l’objectif était de réfléchir aux grands enjeux auxquels la France est confrontée, comme « l’indépendance (industrielle, militaire, alimentaire…), le plein emploi, la neutralité carbone, les services publics pour l’égalité des chances ». Rien de moins ! Mais avec comme travers d’engloutir toutes les problématiques politiques du moment, alors même que Macron avait fraîchement nommé son Premier ministre et attendait logiquement le résultat des législatives pour que des mesures législatives soient adoptées. Drôle de situation où un président réélu s’en remet à une institution qu’il crée lui-même, oubliant qu’il y a justement un système institutionnel destiné à traiter ce genre de sujet… Macron avait aussitôt missionné Olivier Véran – qui s’y connaît en matière de concertation – pour se charger du dossier du Conseil national de la refondation. Le 19 août, Macron a réitéré son envie de voir ledit Conseil traiter de beaucoup de choses, mais au diapason de l’actualité, guerre en Ukraine et crise énergétique obligent. Sans oublier la question du travail. « Nous pouvons aller vers le plein emploi, mais il nous faut continuer à mener les réformes indispensables, c’est ce qu’on va faire dès cette rentrée », avait-t-il indiqué en prenant le soin de rappeler également que les « fonctions régaliennes, la sécurité, l’immigration » seraient aussi traitées. Vaste programme, comme dirait l’autre… Comme si le président de la République prenait à son compte la défiance des citoyens à l’égard des instances représentatives et exécutives dont il fait lui-même partie, alors qu’elles ont pour mission de mener la politique du pays en traitant des différents sujets qui concernent la vie de la Cité…

Une instance redondante ?

Outre le Parlement qui discute et vote la loi – il a une vocation « généraliste », même si le domaine de la loi a été précisé en 1958 par l’article 34 de la Constitution –, il existe différents organes ou organismes qui traitent des affaires générales : le Conseil économique, social et environnemental (CESE), institution représentative du monde associatif et syndical, les instances qui participent au dialogue social comme tous ces organismes paritaires… Enfin, il faut s’interroger sur ce qui existe dans le domaine du débat public, avec la Commission nationale du débat public (CNDP). Que ce soit au niveau décisionnel, consultatif et réflexif, il existe donc un grand nombre d’institutions qui se penchent sur l’intérêt général. On a du mal à s’y retrouver et la réflexion sur les différents comités « Théodule » n’est pas là pour gommer l’idée qu’il y a trop d’organismes et de commissions dont on discute l’utilité. Au regard de ce qui existe, la mise en place du CNR peut apparaître comme redondante puisqu’il existe déjà des instances « généralistes », plus ou moins politiques. Pourquoi s’ingénier à créer un organisme supplémentaire au risque d’apporter davantage de confusion et d’illisibilité dans un système déjà complexe ? On peut s’interroger sur le fait que ces instances concurrentes n’aient pas été sollicitées ou qu’elles aient été passées sous silence.

Des antécédents illustres. Et moins illustres…

« CNR », cela évoque immédiatement le Conseil national de la résistance, qui avait défini pour la France de l’après-guerre un programme ambitieux. Créé pendant la Deuxième guerre mondiale et dirigé par Jean Moulin, le Conseil national de la résistance entendait définir une nouvelle France économique, politique et sociale. Mais la comparaison s’arrête là, car le Conseil national de la résistance – malgré les circonstances de la Guerre qui l’empêchaient d’être une assemblée élue – restait représentatif des différentes sensibilités de l’opinion française (les « familles spirituelles françaises » de Barrès), non un sigle insipide couvrant une institution destinée à combler le déficit d’imaginaire d’une technocratie qui exerce le pouvoir. En réalité, le CNR de Macron, c’est plus Renaissance que le Conseil national de la résistance… Mais la Guerre offre un autre exemple d’une institution purement nommée par le fait du prince : le « Conseil national » mis en place par le régime de Vichy dans ce souci d’instituer une représentation tout en tournant le dos à la démocratie représentative, notamment parlementaire. Composé d’anciens parlementaires, de juristes, de religieux et de personnalités de différents mouvements politiques – et pas seulement issues de « l’extrême-droite » –, le Conseil national devait constituer une instance de réflexion pour améliorer la situation du moment après la défaite de juin 1940. Là aussi, il fallait trouver des solutions dans une situation de crise… Il est étrange que personne n’ait évoqué cet antécédent fort peu glorieux par lequel le pouvoir s’est assis sur les institutions représentatives afin de donner un peu de légitimité aux opinions, mais en filtrant préalablement lui-même les représentants… Plus près de nous, le Grand débat national mis en place en 2019 après l’épisode des Gilets jaunes a été oublié. Il s’agissait juste de réunions organisées – et télévisées – entre Macron et des citoyens ou des élus, mais surtout d’un débat qui n’a débouché sur rien.

Le calcul de Macron : cap sur la gauche

Autre reproche : un mauvais calcul du président de la République, basé, en fait, sur une appréciation erronée et bloquée de la situation électorale du pays consécutive à l’entre-deux-tours de la présidentielle. Juste après le premier tour, Macron a cherché à récupérer les voix de gens de gauche qui ont voté Mélenchon. On peut craindre que le Président n’érige en postulat fondamental et irréfutable la poussée – fort relative au passage – d’une certaine gauche au premier tour de la présidentielle. D’où une volonté de mordre sur cette gauche, avec la nomination d’un Premier ministre issu de la gauche (Élisabeth Borne), mettant fin à cette règle implicite selon laquelle le locataire de Matignon devait être automatiquement issu des rangs de la droite (Édouard Philippe, puis Jean Castex), et la mise en avant de thèmes écologistes, voire sociétaux, avec la question de l’euthanasie remise à nouveau dans le débat public. Or le spectre politique est davantage marqué par une poussée de l’opinion vers la droite. Le besoin d’ordre, la défiance envers l’immigration n’ont jamais été aussi forts. C’est pourtant à cet aspect de l’opinion que Macron donne une place démesurée. Comme si le bloc électoral de Mélenchon, lequel mélange électeurs radicalisés et électeurs guidés par la logique du vote utile, était le mieux à même de faire progresser la gauche – était le plus déterminant pour décider d’une politique. Malgré quelques rappels successifs (en juin, en août, puis en septembre 2022), le Conseil national de la refondation ne prend pas. Ainsi, le président du Sénat, Gérard Larcher, a donné une fin de non-recevoir à la première réunion du Conseil prévue le 8 septembre 2022. Le président de l’assemblée qui représente les territoires et les élus locaux n’a pas envie de participer au dessaisissement du Parlement, lequel est aussi, selon ses termes, le « grand conseil de la Nation ». Il était utile de le rappeler au président…

 

Illustration : À Marcoussis, sur le gazon synthétique du Centre national de rugby, Macron, entouré de tous ceux qui ont été convaincus par sa démarche, lance son Conseil national de la refondation dans une ambiance de folie.

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