Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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De Violaine Arsac. Mise en scène Violaine Arsac. Avec Grégory Corre, Noémie de Lattre, Marie Bunel et Mathilde Moulinat
Anna, journaliste expatriée aux États-Unis depuis quatre ans, mène une vie paisible avec sa fille et son mari jusqu’au jour où il est tué lors d’un déplacement à Houston par un délinquant, Michaël Ellis, jugé et condamné à mort. Un jour, Anna reçoit la visite de Clémence, bénévole dans une association qui met en relation les victimes et les condamnés : elle lui apporte une lettre de Michaël Ellis qui souhaiterait la rencontrer. Nous découvrirons que cette femme est la mère de Michaël. Mais un dialogue entre victime et bourreau est-il possible ? La mise en scène de Violaine Arsac, sobre et efficace, pointe ce qu’on appelle la justice réparative qui instaure un lien à distance entre la victime et le condamné pour comprendre le « pourquoi » et le « comment » d’un acte, conduire à l’apaisement des esprits. Peut-on, cependant, restaurer ce qui a été endommagé, en l’occurrence des « vies volées », et la justice a-t-elle affaire au pardon ? Anna sera-t-elle capable d’un tel dépassement ? Auteur et metteur en scène, Violaine Arsac signe une œuvre forte qui met en relief le portrait d’une veuve et d’une mère (interprétées par Noémie de Lattre et Marie Bunel) aux prises avec la fatalité du destin et face à la justice. Défendre est une technique et un art, et la joute remarquable entre les deux avocats, brillamment incarnés par Grégory Corre et Mathilde Moulinat, démontre le pouvoir des mots à faire parfois vaciller, les convictions les plus profondes. Que l’on soit pour ou contre la peine de mort, La dernière lettre, par le questionnement qu’elle suscite, ne peut en tout cas laisser indifférent.
Théâtre du Girasole à Avignon.
Illustration © Fabienne Rappeneau