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Oh, les jolies vacances !

Nous sommes bien malheureux, nous autres Français : une scélérate et nauséabonde loi de protection du littoral nous empêche d’entreprendre ce que les Belges ont réussi parfaitement.

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Oh, les jolies vacances !

De Coxyde à Ostende et d’Ostende à Knokke-le-Zoute et quasiment jusqu’à la frontière hollandaise, c’est, face à la mer, une muraille ininterrompue de barres d’immeubles de dix, douze étages, quelquefois plus. À certains endroits, il n’y a pas qu’une seule barre d’immeubles, mais une deuxième, exactement parallèle, ce qui ménage entre les deux un espace où le soleil n’a pas l’outrecuidance de risquer un œil. Le bétonnage que certains reprochent à La Baule, au Touquet, aux Sables-d’Olonne, est du pipi de chat à côté de tout ça. Ces immeubles, d’une parfaite monotonie, paraissent avoir été bâtis par Le Corbusier ou ses émules. Mon petit cousin, qui est plus vieux que moi, s’exclame : « Mais ce sont des clapiers ! » Et il ajoute que les vacanciers qui s’y hébergent en reviennent avec de longues oreilles et la queue touffue. Je n’ai pas pu vérifier son dire, car les dits vacanciers portaient des bonnets et étaient emmaillotés de telle sorte que de queue on n’en voyait guère.

Moi, plutôt qu’à des clapiers, j’ai pensé à un univers concentrationnaire. Certes, apparemment, il n’y a pas de fours crématoires, mais il y a les travaux forcés. On doit faire son petit tour sur la plage où se démène le grand vent, qui vous projette dans la figure du sable acéré. On doit retrousser son pantalon et risquer des pieds nus dans une eau froide où la méduse abonde. On doit, si on souhaite devenir kapo, se mettre en maillot de bain et se lancer dans l’eau glacée en hurlant : « Elle est bonne ! » On doit, si on est Français, le faire savoir toutes les cinq minutes au grand danger de se faire prendre pour un Wallon et se faire fusiller (du regard, dans le meilleur des cas). Et recevoir des bordées de quolibets en néerlandais auquel on ne comprend rien. On doit regagner sa petite cage dans le clapier, regarder la télé du midi au soir, boire des tonnes de bière, rigoler avec l’autre lapin, avec lequel on ne fraierait pas si on était dans un endroit plus humain.

Illustration :  À Ostende, on masque les barres d’immeubles en construisant des cathédrales de sable.

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