Le monde ne manque pas de dictateurs féroces et sanguinaires, mais c’est sur le Premier ministre de Hongrie que Bruxelles a jeté son dévolu. Haro donc sur Victor Orban ce pelé, ce galeux, une honte pour la démocratie – le grand mot est lâché.
Quels sont donc les crimes abominables de cet homme politique ? Pourquoi tant d’inquiétude de la part des eurocrates de Bruxelles ? De quelles « dérives » s’agit-il de la part de nos sourcilleux censeurs ? Faudrait-il donc mettre dans le même sac Victor Orban, les Assad en Syrie, Hu Jintao, le chinois, sans parler des hiérarques de Corée du Nord, du Cambodge et autres démocraties « irréprochables » ?
La Commission européenne vient ainsi de lancer une triple procédure d’infraction contre Budapest à propos de trois lois constitutionnelles : l’indépendance de la Banque centrale hongroise, la modification du statut des juges dont l’âge de la retraite est ramené de 70 à 62 ans et le rôle de l’autorité nationale de protection des données . Diantre ! Y-a-t-il vraiment de quoi fouetter un chat à voir un gouvernement placer quelques fidèles à la Banque centrale du pays alors que 80 % du système bancaire hongrois est détenu par des intérêts étrangers ? Et mettre à la retraite anticipée quelques juges, héritiers du défunt régime communiste qui était, lui, intrinsèquement totalitaire, constitue-t-il une « dérive inquiétante » ?
L’hystérie qui s’est emparé de Bruxelles, hystérie qui semble avoir gagné une large partie des médias occidentaux, n’est qu’à moitié surprenante. De fait, Victor Orban vient d’accomplir la rénovation, pourtant dans l’ordre des choses, de la constitution communiste dont son pays était affublé depuis…1949. Horresco referens ! D’autant plus qu’il a poussé l’insolence et l’inconscience jusqu’à faire référence à la Couronne de Saint-Étienne, tout en invoquant l’Europe des nations, les valeurs chrétiennes et celles de la famille. Il faut dire également que l’homme politique hongrois – élu haut la main et le plus démocratiquement du monde, faut-il le rappeler – a le front d’affirmer, par ailleurs, dans la nouvelle constitution du pays, qu’il convient de respecter la vie de l’enfant dès sa conception et que le mariage concerne exclusivement un homme et une femme.
S’agit-il donc là de « valeurs » contraires à celles prônées à Bruxelles ? Y-a-t-il un corpus dogmatique européen auquel tous doivent faire allégeance sans barguigner. Ne peut-on comprendre les réticences magyares devant le totalitarisme sournois et insidieux de Bruxelles qui doit rappeler fâcheusement à Budapest les pratiques jadis en vigueur au sein du bloc communiste et du Comecom ? Au demeurant, qui ne voit le chantage exercé par le FMI et l’Union européenne sur la Hongrie qui aurait besoin de décrocher en 2012 un crédit de précaution de 10 à 20 milliards d’euros essentiellement pour faire face à ses échéances, soit le remboursement de sa dette, l’aide de ces organismes internationaux étant conditionné à l’obéissance à leurs desideratas.