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Les Révoltés du Bounty

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Les Révoltés du Bounty

Le but de cette mission : récupérer des souches d’arbres à pain dans l’objectif de les transplanter en Angleterre et, ainsi, contribuer à lutter contre la malnutrition. Soucieux d’assurer le plus grand succès à cette entreprise soutenue par le roi Georges III, le capitaine Bligh inflige, avec un sadisme inégalé, les pires avanies à son équipage, affame ses hommes et les maltraite. Au matin du 28 avril 1789, le lieutenant Fletcher Christian va s’élever contre cette insupportable tyrannie et prend la tête d’une mutinerie… Adaptation d’un livre de Charles Nordhoff et James Norman Hall, lui-même inspiré de faits historiques, Les révoltés du Bounty s’est d’abord voulu la réponse de la MGM au grand succès du Capitaine Blood de Michael Curtiz (avec Errol Flynn, Olivia de Havilland et Basil Rathbone) produit par la Warner en 1935. Cette année-là, la firme au lion engrangea pas moins de 7,5 millions de dollars et pouvait s’enorgueillir de films aussi réussis que La Malle de Singapour de Tay Garnett, avec une Jean Harlow affriolante à souhait et un Clark Gable en séduisant propriétaire de bateau, ou Anna Karenine de Clarence Brown avec Greta Garbo au summum de la perfection. Le périple du Bounty tout comme les mésaventures de son équipage ne connaîtront pas moins de cinq versions cinématographiques. Tout d’abord The Mutiny of the Bounty (1916), de l’australien Raymond Longford, dont on ne trouve plus trace. Vint ensuite In the Wake of the Bounty (1933) de l’australien Charles Chauvel avec Errol Flynn (son premier film) qui fut éclipsé par Mutiny on the Bounty, cité plus haut, de Frank Lloyd avec Charles Laughton et Clark Gable. Suivra la version en couleur de Lewis Milestone en 1962 avec Marlon Brando, Trevor Howard et Richard Harris, production qui ruina la MGM puis, quelques vingt ans après, The Bounty avec Mel Gibson et Anthony Hopkins (sans grand intérêt, bien que regardable). De toutes, nous retenons celle de Franck Lloyd et celle de Milestone. Récompensé par l’Oscar du meilleur film (bien que sept fois nommé par ailleurs), cette adaptation verra s’affronter Clark Gable en Fletcher Christian vif et impétueux et Charles Laughton sous les traits épais et bornés d’un William Bligh dont les sourcils broussailleux laissaient parfois échapper quelques éclairs de démence, accentuant ainsi le caractère odieux du personnage. Le film, entièrement tourné dans les studios de la MGM où une réplique du célèbre navire fut réalisée, ne coûta pas plus de deux millions de dollars, un budget déjà colossal à l’époque (qu’un film comme Autant en emporte le vent, en 1939, dépassera du double), mais qui sera multiplié par dix lors de la réalisation du remake de 1962. Tourné, cette fois, en décor naturel, le film faillit coûter très cher à la major. En sus des coûts qui s’élevaient quasi quotidiennement, la personnalité problématique de Marlon Brando supervisant la réalisation et le scénario s’ajouta aux divers ennuis et tracas que dut affronter le studio. La réalisation du film avait d’abord incombé à Carol Reed (Le Troisième Homme, L’Homme de Berlin) avant d’échoir à Lewis Milestone auteur inspiré d’À l’Ouest, rien de nouveau et de L’Emprise du crime, qui vit les premiers pas de Kirk Douglas au cinéma. Cette quatrième version ne reçut qu’un accueil mitigé (ce qui n’empêcha pas la MGM de récupérer une large part). Si Trevor Howard y campe un Bligh dur et marmoréen, Brando exhibe un jeu inégal oscillant entre effacement et cabotinage, ce qui n’améliora sans doute pas sa peu flatteuse réputation de « Box office poison » (acteur inapte à faire un succès). Le film vaut néanmoins pour sa superbe photographie et la reconstitution, à l’identique, du HMS Bounty, sans parler des figurantes tahitiennes à l’irréprochable plastique (Tarita elle-même, qui deviendra Mme Brando à la ville, n’est pas sans dégager un érotisme aussi discret que charmant…).

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