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La grâce

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La grâce

«On éprouve à l’ombre de cette protection divine une force extraordinaire et une merveilleuse paix. Avec Dieu je sentais que je tiendrais tête facilement à Hitler lui-même… C’est pourquoi je contemplais avec une sorte d’indulgence et de pitié cet agent de la Gestapo qui procédait à mon interrogatoire. » Madeleine du Fresne est internée au camp de Beaune-la-Rolande, construit pour accueillir les familles réfugiées de la ligne Maginot, utilisé pour les prisonniers de guerre français puis pour les Juifs avant leur départ pour l’Allemagne. Elle a aidé Yvonne Netter, avocate juive, à s’échapper du camp. Au début de la guerre, seule à Paris, venant de retrouver la foi grâce au Réarmement moral, elle avait ouvert la Bible et était tombé sur « Je te donnerais Israël » (I Rois). Elle savait désormais comment aider la France à traverser l’épreuve. Ce témoignage, paru en 47, est passionnant parce qu’à cent lieues de ce qu’on imagine. Il comprend sa part de faits horribles, d’actes déshonorants, certes, et aussi sa part de dévouements héroïques, bien sûr. Il est surtout écrit par une française chrétienne qui n’est mue que par sa foi et son patriotisme, les deux lui paraissant très naturellement liés. Ce récits de la vie d’un camp, entre vies déchirées, causeries pieuses, méditations mystiques sur Dieu et la France, évasions ratées et sociologie des internés, est profondément original. Madeleine du Fresne veut se souvenir de tout, y compris de ses moments de désespoir, du nom des enfants croisés, de sa dépression après sa libération et de son dégoût de la France libérée : « Maintenant on ne vit plus, on existe et on ne sait plus le pourquoi de cette existence sans flamme. Nous vivons en 1947 sous la botte d’un occupant autrement redoutable que l’occupant de 1940 qui galvanisait nos résistances. Nous sommes sous la botte du matérialisme-roi. »

Emmanuel Rougier, L’Étoile blanche. Mémoires d’une Juste 1940-1945. EdiSens, 2020, 286 p., 19 €.

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