Civilisation
Juste un souvenir
Avec Myriam Boyer. Mise en scène de Gérard Vantaggioli. Avec la participation de Philippe Vincent
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Comédie écrite et mise en scène par Philippe Chuyen. Avec Gérard Dubouche, Thierry Paul, Philippe Chuyen et Mourad Boussatha.
Le rideau s’ouvre sur un boulodrome en Provence où quatre joueurs de pétanque se retrouvent : Yaya, Français issu de la seconde génération de l’immigration algérienne, Zé, Pied-noir rapatrié d’Algérie, Loule, Provençal de souche, et M. Blanc, un Parisien tout juste arrivé dans la région. Bonne occasion de se divertir et de pousser la galéjade… mais aucun d’entre eux n’irait plaisanter sur les règles du jeu. Chacun raconte un peu sa vie, jusqu’à ce que la discussion dérive sur un sujet épineux : la guerre d’Algérie. Le passé ressurgit, les blessures secrètes s’ouvrent. Les boules roulent et s’entrechoquent au rythme même des revendications identitaires, chacun clame son vécu et sa vérité. Mais qui a la vérité ? Où est l’objectivité ? L’Histoire a-t-elle un sens ? Questions le plus souvent sans réponse… Mais une certitude ressort, celle de devoir accepter l’Histoire avec ses ombres et ses gloires. Et là où l’homme ne peut rien faire, le théâtre peut tout et nos quatre protagonistes, au-delà de leurs différences, sont bien décidés à finir leur partie de pétanque. Avoir les pieds tanqués, du provençal pé tanca, c’est jouer les pieds fixés au sol. N’est-ce pas aussi le symbole de l’enracinement dans la terre natale, ou de l’ancrage dans la terre d’accueil ?
La mise en scène de Philippe Chuyen, efficace et intelligente, opposant à la guerre la joie du jeu, se fait caisse de résonance amplificatrice d’émotion et d’humanité. Et pour les quatre comédiens, il y a là une belle partition et leur densité d’interprétation est à la hauteur du défi.