Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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L’AVOCAT DES SANS-VOIX. Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles dans le monde de la Justice.
Le Journal Spécial des Sociétés, journal officiel d’annonces légales, dans son édition du 6 novembre, relate la rentrée solennelle de la Conférence du Barreau de Versailles.
Outre un discours percutant du Bâtonnier Christine Blanchard-Masi -– rappelant aux autorités civiles (ce jour-là exceptionnellement absentes) que le système de retraite des avocats n’était pas un de ces « systèmes spéciaux » que l’équité imposait de revoir ou d’abroger mais un système autonome qui, non seulement ne demandait rien à personne, mais venait en aide aux systèmes déficitaires –, le Premier secrétaire de la Conférence du stage a prononcé un éloge audacieux et émouvant d’un homme à tous égards exceptionnel.
Rappelons pour le lecteur qui ne connaîtrait pas les usages du Barreau et, dans le Barreau, du Secrétariat de la Conférence, que le premier secrétaire, élu par ses pairs à la suite d’un concours d’éloquence, prononce à la rentrée solennelle l’éloge d’un grand ancien, généralement un bâtonnier défunt ou un avocat célèbre.
Celui qu’a choisi d’honorer Guillaume Guerrien comme « l’avocat des sans-voix » est le professeur Jérôme Lejeune, défenseur de ceux que leur handicap détecté avant la naissance voue à la mort.
Dans un univers où la peine de mort, abolie pour les coupables, est pratiquée à grande échelle envers des êtres dont le seul crime est de n’être pas aux normes, se dresser ainsi pour proclamer leur droit à l’existence est d’un héroïsme exceptionnel. C’est cet héroïsme qui valut à Jérôme Lejeune la perte du Prix Nobel, l’ostracisme des grands moyens de communication et enfin la réprobation quasi-générale de ceux – institutions ou mandarins – qui, avant, l’avaient porté au sommet de la gloire.
Le jeune avocat a choisi, pour son éloge, une prose poétique au vers claudélien, qui dit bien le tragique de son épopée. En voici la fin :
Un matin de Pâques le Professeur s’en est allé
Laissant dans la peine ses petits déshérités
Et eux qui n’avaient plus de voix
Avaient également perdu leur avocat,
Alors que les cloches ne cessaient de sonner
Au milieu de l’assemblée
Une voix s’est mise à tonner
Les yeux remplis de larmes, l’un d’eux a déclaré :
« Merci de m’avoir sauvé,
« Grâce à toi, je suis fier de moi. »
Qu’il soit permis au signataire de ces lignes, en remerciant son jeune confrère, de lui dire qu’il eut l’honneur d’être l’avocat de l’avocat des sans-voix.