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Vincent Lambert ou la mort servile

Tout le monde, parmi mes amis, semble croire que l’affaire Vincent Lambert porte sur le sort de Vincent Lambert. De là ce déchaînement de pathos inexplicable de la part de personnes qui – de près ou de loin – n’ont aucune espèce de rapport avec cet homme ou sa famille.

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Vincent Lambert ou la mort servile

J’entends les uns crier : « c’est abominable ! On assassine un homme ! Même pas un homme en fin de vie ! Et sa pauvre mère, pensez un peu à elle ! » ; et les autres leur rétorquent avec la même épidermique empathie : « mais laissez-le donc mourir tranquillement ! Il n’aurait pas voulu de cette vie, il aurait préféré mourir que mener cette existence indigne. Pensez un peu à sa femme ! ». On se croirait dans un reality show à l’américaine.

Comme si nous étions, tous autant que nous sommes, commis à devoir donner notre opinion sur une situation que nous n’avons aucune compétence pour juger. Si la famille de Vincent Lambert se dispute au sujet de ce qu’il voudrait réellement, quel extra-lucide des marcs de café pourrait objectivement prétendre en savoir davantage que ses proches ? Et pendant que cette fureur compassionnelle se déchaîne sur la toile, la vraie question n’est jamais posée.

Le droit d’en finir avec la vie est la suprême liberté

Elle est pourtant simple. Depuis toujours, le droit d’en finir avec la vie est la suprême liberté que tout homme peut, s’il le souhaite et si aucun code de morale ne le retient, opposer aux coups du sort, à l’amer fatum, à la vieillesse ou encore au despotisme d’un État. De toutes les libertés concédées à un homme, celle de mourir est la dernière quand toutes les autres lui ont été ôtées. C’est un droit qu’il n’appartient à aucun État de céder car c’est un droit qui n’a aucun besoin d’être consenti. A minima, tout homme dispose de sa vie en ce sens qu’il pourrait n’y plus tenir suffisamment. Et face à cela, normalement, tout pouvoir est impuissant.

Faut-il donc que ce droit soit désormais reconnu par l’État et qu’il lui appartienne de dire quand vous avez légalement le droit d’en finir ? Est-ce cela que nous voulons ? Sommes-nous vraiment prêts à confier à des experts et au pouvoir public le soin de décider à notre place quand notre mort est acceptable (et par conséquent quand elle cesse d’être “digne”) ? Allons-nous leur laisser le soin de décider pour nous de la manière dont il convient de s’y prendre et des instruments homologués qui feront de cet abîme de la liberté individuelle une attitude responsable et citoyenne ?

C’est bien assez déjà d’attendre de l’État qu’il garantisse à chaque homme le droit à la vie, en interdisant formellement le meurtre. Par quelle ineptie faire maintenant de lui le garant d’un nouveau droit de mourir, qui s’est toujours très bien passé de sa permission, en lui laissant le soin de choisir à quelles conditions, quand et par qui (par quel illustre inconnu nommé docteur Sanchez) nous serions désormais habilités à recevoir la mort ? Je crois que la réponse est claire et que nos désaccords passionnels disparaîtront aussitôt qu’elle sera posée en ces termes.

Pour autant que je sache, c’est-à-dire aussi peu que tout un chacun, Rachel a peut-être raison d’estimer que son mari voudrait mourir. Elle se comporte peut-être en bonne épouse et madame Lambert en mauvaise mère. Mais si Rachel était convaincue que l’homme qu’elle aimait vit désormais une vie dont chaque jour passé est un fardeau supplémentaire, pourquoi attendre alors si longtemps et réclamer poliment la permission de la loi et l’exécution d’un agent public ?

Crever comme un chien qu’on déshydrate

S’il en avait eu les moyens, Vincent Lambert aurait peut-être souhaité mourir. C’est possible. Mais mourir de la main clémente de ceux que l’on aime est une chose. Crever comme un chien qu’on déshydrate et affame dans la solitude d’une chambre d’hôpital gardée par des agents en uniforme en est une autre. Quand l’État se saisit de votre droit à mourir, il en fait cela, inévitablement : un protocole monstrueux parce que légal, légal s’il le faut jusqu’à la barbarie.

Je repense à cette scène déchirante du chef d’œuvre de Clint Eastwood, Million Dollar Baby, où le vieil entraîneur de boxe, par amour, offre la mort comme un don, une délivrance, à son élève, alitée à vie dans une chambre d’hôpital. C’était tragique, comme tout dilemme moral, et risqué puisqu’illégal. Mais c’est ainsi que cela doit être et demeurer pour que ce genre d’actions, objectivement indiscernables de meurtres, gardent leur justesse et leur beauté.

Par Damien Clerget-Gurnaud

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