Civilisation
Juste un souvenir
Avec Myriam Boyer. Mise en scène de Gérard Vantaggioli. Avec la participation de Philippe Vincent
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Pour la 31e fois les amis et serviteurs de Molière organisent sa commémoration. Nous avons eu droit à la sempiternelle leçon de morale à prétention humoristique du Maître de Cérémonie et des intervenants et à la traditionnelle intrusion des intermittents qui, cette année, avaient revêtu un gilet jaune. Ils ont décerné un « Molière du déshonneur » au gouvernement et au ministre de la Culture, Franck Riester. Cette séquence, a été coupée au montage sur France 2 qui a profité que l’évènement soit retransmis en léger différé.
Cette épreuve passée, il nous a été agréable de survoler les résultats des nominés et le palmarès final. De façon non exhaustive on notera les bonnes nouvelles notamment en ce qui concerne le choix des pièces. Tout d’abord le retour du théâtre de boulevard, trop souvent décrié mais qui demande à l’auteur un vrai sens de la répartie, au metteur en scène un professionnalisme digne de la science d’un horloger et aux comédiens un travail physique et de la virtuosité. Ainsi Le Canard à l’orange, une pièce de William Douglas Home (1967), adaptée par Marc-Gilbert Sauvajon et mise en scène par Nicolas Briançon, a été citée sept fois dans différentes catégories mais n’a obtenu qu’un seul Molière. Pour mémoire la pièce avait été diffusée à la télévision française en 1979, dans une mise en scène de Pierre Mondy avec dans le rôle principal l’inénarrable Jean Poiret qui avait participé à la réécriture de certains dialogues. On notera dans le même registre le retour de la pièce Fric-Frac, d’Edouard Bourdet. Cette pièce gouailleuse qui évoque l’ancien monde des truands, mise en scène par Michel Fau, a été citée deux fois.
Dans un autre domaine on saluera le Molière de la meilleure Comédienne dans un spectacle de Théâtre privé, Anne Bouvier, pour sa prestation dans Mademoiselle Molière. Cette actrice de talent, très exigeante sur le choix des pièces dont une majorité appartient au grand répertoire, avait déjà obtenu en 2016 le Molière de la meilleure comédienne dans un second rôle pour Le Roi Lear dont le rôle titre était tenu par Michel Aumont, Sociétaire de la Comédie Française.
Mais il faut revenir sur l’auteur de Mademoiselle Molière, Gérard Savoisien. On lui doit l’écriture et la création de Prosper et George qui obtint le Grand Prix du Théâtre en 2009. Histoire brève mais intense de l’idylle entre Georges Sand et Prosper Mérimée, dont l’une des qualités premières était la confrontation de deux styles et approches dans le domaine de la création littéraire. On ne pourrait achever ce rapide aperçu sans souligner une recherche de qualité dans les différents répertoires retenus lors de cet évènement : Thyeste, de Sénèque, La Nuit des Rois de Shakespeare, (avec Denis Podalydès), Le Misanthrope de Molière (avec Lambert Wilson), Kean d’Alexandre Dumas, et, en théâtre contemporain, L’Échange de Paul Claudel (avec Francine Bergé) et, plus proche de nous, La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams. Des grands textes, des acteurs de talent, des metteurs en scène au sens artistique certain, le tout malheureusement parfois gâché par le politiquement correct des commentaires et une certaine mondanité de mise.