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Spes nostra salve

Notre-Dame… Cette appellation fervente et affectueuse a traversé les siècles, et elle a jailli de toutes les lèvres en ce terrible soir du 15 avril, lundi saint de l’année 2019.

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Spes nostra salve

Ils en ont pleuré ; pas seulement le recteur, Mgr Chauvet, qui l’a avoué avec simplicité, mais aussi les passants ordinaires français et étrangers, chrétiens ou non, les politiques de tous bords, les artistes, les jeunes filles et les vieillards. Nous garderons à jamais ces images accumulées jusqu’à l’hallucination, entre la vue directe et les multiples photos et vidéos de nos écrans.

Ce soir-là Notre-Dame, capturée du ciel par un drone, nous a jeté au cœur une immense croix de flammes dévorantes dessinant d’étranges figures qui se tordaient sur un lit incandescent. Le lendemain, la même vue nous montrait une épave noire, immobile, hérissée de débris calcinés. Nous étions pétrifiés, accablés, l’âme en deuil. Du monde entier montait une immense clameur de désolation. Quelques voix discordantes ont émis des ricanements haineux sur les réseaux sociaux.

Et puis, il y a eu le sursaut : « nous la reconstruirons, tous ensemble », a déclaré Emmanuel Macron, venu sur place le soir même retrouver les valeureux soldats du feu, le maire de Paris, les évêques et la foule massée sur les quais ; le temporel et le spirituel, distincts, mais associés, et même unis dans une épreuve commune : vision fugitive, peut-être, mais exacte de la vraie laïcité…

Le vaisseau d’une présence

L’archevêque de Paris, Mgr Aupetit disait le lendemain à Saint-Sulpice : « Nous allons rebâtir la cathédrale… Cette cathédrale est le vaisseau d’une présence. » Voici deux mille ans, autour de la croix du Christ consumé de souffrance, il y avait la foule de Jérusalem, contenue par la cohorte romaine, le centurion, et deux malfaiteurs, crucifiés eux aussi ; il y avait les gens importants qui hochaient la tête en se moquant, les saintes femmes qui pleuraient, et tout près, Jean, le disciple fidèle soutenant l’une d’entre elles, Marie, celle qui souffrait le plus, voyant son fils torturé. Deux jours après, le disciple que Jésus aimait découvrait le tombeau ouvert, vide, et il crut.

Le 15 avril au soir, les circonstances rappelaient étrangement ces évènements fondateurs de notre foi chrétienne ; cette épreuve du feu nous ramenait du même coup à nos origines de Français, en écho tragique à la question posée par saint Jean-Paul II au Bourget le 1er juin 1982 : « France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »

Oui, il est certain que tous ces hommes, ces femmes, ces jeunes gens, ces enfants, même éloignés de la croix, se souvenaient au fond de leur cœur qu’ils avaient une Mère, auprès de laquelle ils aimaient flâner, peut-être un peu distraitement, comme une caresse au passage : voici qu’ils prenaient brutalement conscience de son martyre et du danger qu’elle courait, torturée par le feu. Le professionnalisme héroïque des sapeurs-pompiers, les prières spontanées, et la bonté de Dieu ont limité ses blessures. Est-ce un avertissement, un signe de Jonas ?… Notre Dame ne mourra pas et elle sera rebâtie ; et par cette émotion, ce chagrin d’affection et la lueur d’unité qui en a été le fruit, elle est bien la souveraine de nos cœurs.

Enfin, Monseigneur Aupetit nous donne ce magnifique encouragement : « Confions-nous aussi à Notre Dame qui est toujours debout, même au pied de la Croix, où son fils nous l’a confiée et nous a confiés à elle, la Sainte Vierge Marie, la toute belle. Oui, Notre Dame de Paris, priez pour nous. »

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