Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Cette affreuse boucherie par laquelle le XXe siècle a commencé sa sinistre série de carnages n’a pas fini de hanter les esprits, de soulever nombre de questions sans réponses satisfaisantes. L’ouvrage de Jean-Christophe Notin, en nous présentant la carrière du maréchal Ferdinand Foch, est bien dans cette perspective d’interrogation inquiète devant ce phénomène à la fois mystérieux et terriblement révélateur qu’est la Grande Guerre.
Le profil de cet officier polytechnicien, catholique pratiquant imprégné de jésuitisme, ne laisse pas, en effet, de nous déconcerter. Esprit dogmatique peu intéressé par l’application pratique de ses théories, scientifique peu curieux des nouveautés techniques de son temps, patriote ardent mais assez peu soucieux du facteur humain, il est une de nos gloires nationales. Dans ce conflit mondial dont l’ampleur a très vite dépassé tous ses protagonistes politiques et militaires, il a été néanmoins un acteur majeur de son théâtre européen ; généralissime des armées alliées en mars 1918, il n’en maîtrisait pas, loin s’en faut, tous les ressorts ; primus inter pares plutôt que véritable chef, son comportement souvent péremptoire et agressif ne favorisait pas forcément l’adhésion de grands subordonnés étrangers ou même français tels que Pétain et Castelnau, d’ailleurs plus « hommes de terrain » que lui.
Le lecteur sera sans doute frappé par cette sinistre vérité : entre 1914 et 1918, les chefs politiques et militaires ont eu peu d’initiative : c’est la folle réalité guerrière elle-même qui a créé presque constamment la surprise, principalement avec les effets humains désastreux des armes modernes, canons et mitrailleuses, et le piège meurtrier des deux fronts se faisant face : personne n’avait prévu cela, Foch non plus que les autres.
Le livre de Jean-Christophe Notin, au long du parcours de son étrange héros, nous montre que cette guerre a été mal anticipée, mal préparée, souvent mal conduite, et extraordinairement mal conclue : une victoire à la Pyrrhus, dont la gloire revient à ses exécutants bien plus qu’à ses chefs.