Civilisation

«Nous sommes aveugles»
Un entretien avec Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie. Propos recueillis par Hilaire de Crémiers et Richard de Seze.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Voici l’été. Les vacances vont détendre provisoirement – et encore ! – les tensions politiques. Notre pays est une boule de feu en attente d’explosions. Les services spécialisés le savent et remontent les informations.
Le 14 juillet est à haut risque, mais plus encore la rentrée. Il est des hauts fonctionnaires qui remplissent leurs devoirs, quoique tout soit fait pour les décourager, y compris la prime à la trahison et même à l’assassinat : les vieilles mœurs de la République depuis toujours, celle qui se défend elle-même et sert ses affidés, quitte à détruire la France, à diviser et ruiner les Français, voire jusqu’à la catastrophe. En pareils cas, ceux qui la mènent en sous-main, savent pertinemment ce qu’ils font. Ils se placent aux bons endroits et ils touchent les revenants-bons, car il y a des revenants-bons. Comme dans les mafias ! Évidemment, il est interdit de le dire. La consigne en haut lieu est de faire taire de toutes les manières – il faut bien préciser : de toutes les manières – ceux qui pourraient mettre en garde contre les risques des folles politiques poursuivies, quelques-unes depuis des décennies, mais plus spécifiquement depuis 2017, tant sur le plan intérieur que sur le plan extérieur. Les gens avertis comprennent parfaitement à quel point les deux sont liés indissolublement et rendent pratiquement illusoire toute velléité de retrouver une marge d’autonomie et donc de manœuvre. Aussi faut-il pour le régime maîtriser l’information. D’où les attaques en règle sur toute expression libre d’une pensée nationale, traditionnelle ou simplement critique. Ces derniers temps ont été marqués par toutes sortes de décisions liberticides en vue d’étouffer toute réaction salutaire : TV Libertés, mais aussi bien CNews et tout organe qui ne dépend pas de l’État.
La nécessité implacable qui commande au monde moderne, alors que partout les nations tentent de reprendre leur destin en main, jette le discrédit sur les chimères de la Macronie – dont, d’ailleurs, les plus intelligents des macronistes essayent de se libérer – et, plus encore, révèle plus que jamais l’absurdité tragique du comportement du chef de l’État : le seul homme d’État au monde qui publiquement méprise son pays, le déshonore par ses propos répétés, bafoue l’ordre historique intérieur qui le constitue, se conduit à l’étranger comme un gamin insatisfait qui outrepasse les règles élémentaires de la retenue et de la politesse, finalement qui ne s’attache partout et en toute occasion qu’à lui et à lui seul, à sa figure, à sa posture qui n’est souvent qu’une imposture, faite de fausse science, de prétendue sagesse qui ne couvrent qu’un amas d’imbécillités apprises par cœur, sans réflexion aucune, dans les officines de la bien-pensance officielle. Et le Narcisse s’imagine qu’il est beau à voir !
En fait, le voici rejeté de partout. La France et les Français n’en veulent plus ; ils sont excédés par ce personnage qui ne parle que pour se faire valoir. L’Europe qu’il chérit pourtant et à qui il ne cesse de sacrifier les intérêts français, ne le supporte plus dans ses manœuvres dilatoires qui ne visent qu’à le projeter, lui et toujours lui seul, sur le devant de la scène. L’Allemagne qui s’est servi de lui pendant presque dix ans, s’apprête à le lâcher après avoir mené sa propre politique sans aucun souci de la France, ayant profité de l’Europe pour réduire à portion congrue l’économie française en imposant ses règles en tous domaines. L’Angleterre pareillement qui lui refile son immigration sauvage et nie jusqu’à l’existence des intérêts français. L’Italie qui se moque de lui avec raison et qui voit dégringoler la France financièrement avec jubilation. Les pays du Nord et de l’Est de l’Europe qui prennent l’exact contre-pied de ses chimères hallucinatoires. Qui croira que le Groenland est sauvé parce que Macron y a posé un pied ridiculement prétentieux ? L’Afrique, n’en parlons pas : Macron n’y présente plus aucun intérêt ; sa morgue y fut à la hauteur de sa nullité, car le petit banquier qu’il est ne connaît strictement rien aux problèmes de l’Afrique.
Le Moyen-Orient, en toutes ses parties, ne cherche même plus à le comprendre tant ses contradictions sont inintelligibles. Israël, Arabie, Jordanie, Égypte, Iran bien sûr avec qui il voudrait traiter, Liban et même Hamas et Hezbollah n’ont plus rien à faire d’un ludion qui monte ou descend au gré des pressions perçues, aussi grotesque que son ministre dit des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot dont la niaiserie est la risée de toutes les chancelleries.
L’Asie l’ignore superbement et compte bien profiter de ses faiblesses pour se servir sur ce qui nous reste de territoires ultramarins. L’Amérique du sud se rit de nous et signe directement ses accords avec Ursula von der Leyen. Et Macron ose faire des cours d’économie, alors qu’il ruine l’agriculture française, la pêche de nos marins, notre industrie, automobile d’abord, sidérurgique aussi, après avoir promis monts et merveilles : l’économie française se délabre. Il a servi puissamment les intérêts anglo-saxons, américains particulièrement – l’affaire Alstom entre autres qui relève de la haute trahison, selon toutes les révélations qui ont été faites, comprenant tout un réseau qui s’est servi à cette occasion –, avec des liens non-dits mais serrés qui le retiennent dans les mailles de Mc Kinsey en particulier, et pas seulement. Il a livré à l’Allemagne des secrets français, il s’est engagé dans des combinaisons où les grands fleurons français se sont fait lessiver ou laminer – selon le cas – et les Français spolier.
Trump s’est moqué de lui à plusieurs reprises et ouvertement. Macron est celui parmi les chefs d’État qui ne comprend rien et qui fait son malin. À La Haye, au sommet de l’OTAN, Trump a imposé sa loi, notamment celle des 5 % de dépenses militaires. Tous les États de l’Europe vont entrer dans ces directives. La France ne le pourra même pas et, le pourrait-elle, elle serait du coup asservie aux États-Unis. Eux seuls tirent profit d’une telle affaire. Et Macron fait le glorieux !
Enfin, avec l’Algérie, il est allé jusqu’au bout de l’abjection. Ne s’est-il pas rendu, lui-même, dès 2016, puis à plusieurs reprises, comme un vassal, aux pieds du chef de l’État algérien, en fait du chef de l’increvable FLN, ce bourreau de nos frères français et algériens – harkis entre autres – que son cœur d’éternel étudiant de gauche idolâtre et dont il aurait porté les valises s’il l’avait pu pour l’aider à perpétrer toutes sortes d’attentats ? Qu’y a-t-il fait, sinon chercher des voix et des soutiens de toutes sortes en crachant sur la France et les Français : rien ne l’arrête comme dans sa manière de systématiquement contrer ce qui pourrait être un redressement français. Et le voilà mal pris avec l’Algérie, ce qui était à prévoir, en essayant d’avoir une contrepartie au Maroc. En fait, il est étroitement tenu : il est allé jusqu’à faire déposer à son nom, en 2023, une gerbe à un monument FLN pendant que l’Algérie procédait à l’arrestation de Boualem Sansal, pour qui il n’a fait aucune démarche, ni officielle, ni officieuse. Alors que l’homme est citoyen français et écrivain reconnu internationalement et alors qu’un autre Français qui faisait son métier de journaliste, vient d’être lourdement condamné.
Gageons que Boualem Sansal sera définitivement condamné et que l’Algérie trouvera en cette occasion un moyen de nous adresser le plus humiliant des camouflets. Et Macron offrira l’autre fesse pour se faire administrer un autre coup de pied. C’est qu’il est tenu de tous les côtés, sur tous les fronts, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur où il est menacé d’une révolte des quartiers dits sensibles. Et nul ne sait ce qu’il adviendra à la prochaine flambée.
Les pompiers connaissent par expérience la vraie situation ; les policiers aussi ; les gendarmes à l’évidence. Mais nul n’y peut plus rien. Les caillassages, les incendies de voitures, de poubelles, de maisons, le pillage des magasins transformeront une partie de la France – de plus en plus grande à chaque fois – en zone de non-droit, comme il est dit joliment dans la presse. Tels sont les résultats des politiques stupides du tout migratoire, de la prétendue et fausse intégration, des zones prioritaires. Tous les principes en sont faux ; ils sont consubstantiels à une République qui n’a plus rien de français, si jamais elle a pu par de faux-semblants historiques, paraître par tromperie s’identifier à la France.
Il est clair maintenant que c’est elle, ses principes, ses décisions, ses gouvernements, ses institutions, qui sont la cause directe de l’effroyable gâchis que les Français connaissent et commencent déjà à subir, mais qu’ils vont devoir affronter, dans les mois qui viennent, de la plus dure façon. Les tueries au couteau ne seront pour ainsi dire que jeux d’enfants par rapport au drame qui vient. Pauvres familles, pauvres mères, pauvres enfants !
Les yeux seront fixés sur Mélenchon. Mais Mélenchon n’est qu’une apparence. C’est un pur produit du régime. Il se flatte d’être plus intelligent que les autres et ce n’est pas difficile ; il est simplement plus logique dans sa radicalité républicaine. C’est une constante de l’histoire. Il va continuer d’aboyer et de menacer ; c’est pour lui toujours payant et il le sait fort bien dans cette République qui s’effondre et dans l’attente des prochaines émeutes qui se profilent inéluctablement à l’horizon et qu’il enfourchera à sa manière pour les mener progressivement au but qu’il a décidé d’atteindre. Rien ne l’arrêtera plus. Certainement pas Macron qui est lié à son sort en raison même, quoi qu’ils veuillent l’un et l’autre, du pacte républicain qui les associe dans la même démagogie, qui plus, qui moins, qui va du soutien actif à l’immigration à la complaisance pour les criminels, les jeunes en particulier, ou ceux qu’on appelle tels, à qui il est devenu de principe de donner raison tandis que le policier ou le gendarme est condamné d’avance et a priori. Il va devenir difficile de faire partie des forces de l’ordre. Après tout, pourquoi sont-elles encore au garde-à-vous devant une telle impéritie, plus gravement, une telle forfaiture ? Car c’est de cela qu’il s’agit.
Et sans doute faudra-t-il envoyer l’armée ? Et, alors, ces messieurs de la toge lui donneront tort, dès qu’il y aura des difficultés, à la moindre occasion qui sera qualifiée de bavure. Ce fut écrit dans ces colonnes : la troisième guerre d’Algérie a commencé. Chez nous. Et la République s’apprête à la perdre comme en 1962 de manière pitoyable et scandaleuse, en livrant sans doute comme jadis tout ce qu’il y aura de musulmans fidèles à la France au couteau des égorgeurs.
Et le Bayrou, pendant ce temps-là, ne connaîtra pas de répit. La censure socialiste fut un jeu d’enfant sans conséquence. En réalité, le gouvernement ne peut plus rien faire. Toutes ses lois sont détournées de leurs objectifs. Immigration, Audiovisuel, Agriculture avec la loi Duplomb, Pêche, loi Grémillet qui ne démontre que trop le naufrage de la politique énergétique française.
Et qu’est-ce que ce sera quand arriveront la loi de finances de l’État et celle du financement de la Sécurité sociale ? Tous les gens qui savent compter, ont compris que ce n’est plus 40 milliards qu’il va falloir trouver. Le poids de la dette ayant encore grossi et passant bientôt à 3500 milliards – dette déclarée qui ne représente pas la totalité des vrais engagements -, la charge de cette dette va passer à 80 milliards et puis 100 milliards. Et ensuite…
Alors sonnera l’heure de la faillite annoncée et, pour ainsi dire, programmée. Les intérêts deviendront insoutenables. Bercy ne pourra plus rouler la dette… Si, si, jusqu’à présent c’était des avertissements. La réalité arithmétique va rattraper la France et la bande de gigolos qui prétendent la gouverner ! Oui, ces individus qui pensent sérieusement qu’ils sont faits pour la France et que la France est faite pour eux… Inénarrable et détestable institution qui n’a plus rien à voir avec celle qui justifierait la haute personnalité d’un vrai chef de l’État. Tels ceux qui ont conscience de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font. Et, franchement, que vaut la représentation nationale ? Il suffit de voir. Reste une dissolution désormais possible. Encore faut-il que Macron y ait un intérêt pour placer à la tête du gouvernement un homme à lui. Le nom de Lecornu est susurré. Car Macron ne cherche plus qu’à exister en gesticulant par le monde entier et en s’imaginant reprendre en main la politique intérieure française. Vanité des vanités ! C’est le cas de le dire. Et lui et Bayrou et n’importe quel autre qui suivra ne sont plus que fétus de paille à la merci du vent qui passe.
Il semble bien que vienne l’heure où il ne sera plus intéressant de posséder le pouvoir en France. Les avantages si voyants ne compenseront plus les risques trop certains. En juin 1940 ils ont tous pris la poudre d’escampette. Le problème, c’est qu’ils reviennent toujours et l’autre problème, c’est que ce sont les Français, les pauvres Français qui paieront une fois de plus.
Illustration : Le brav’ militaire salue les abîmes de la politique.