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Moins on est malin, plus on croit que l’on l’est

Il est des adages dont la pérennité surprend, tant ils paraissent se vérifier dans l’actualité la plus chaude. Celui que me répétaient mes oncles – moins on est malin, plus on croit que l’on l’est – trouve aujourd’hui une application soudaine et méritée dans la controverse suscitée par un propos tenu sur une chaîne (le mot n’est malheureusement pas trop fort) de grande écoute, par un chanteur estimable, davantage au plan des mélodies que des rengaines, mais qui fait partie du paysage musical de nos neurones depuis une quarantaine d’années.

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Moins on est malin, plus on croit que l’on l’est

Sur le ton de la parlotte ordinaire, ce monsieur laissa entendre, comme une évidence, que seuls les imbéciles pourraient voter aux prochaines élections pour un ou une candidate créditée de plus de 35 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle. D’où peut donc provenir une telle assurance, si tranquille, à proférer des pronostics qui démentent les mesures les plus rigoureuses, calibrées par des instituts de sondages équipés des meilleurs analystes de la matière ? De la foi du charbonnier ? Non : de la voix du flibustier, tenté – par naïveté plus que par témérité – d’influer sur un vote que l’on croit encore volatil, alors que ce que l’on observe est, au contraire, jour après jour, la matérialisation d’un désir devenu dessein.

Si cela n’était que puéril, passe encore ; nul n’ignore la fraîcheur de la chanson. J’ai dix ans, qui signala l’entrée dans la carrière du vieux jeune homme d’alors, pressé évidemment d’en déloger ses aînés, comme le dit si bien notre hymne national pour ceux qui se souviennent encore de ses paroles : « Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus. » Mais il ne s’agit point ici d’une bluette générationnelle : c’est une tentative d’intimidation, fondée sur un mépris d’autrui arboré comme un fanion.

« Vous êtes trop bêtes », dit l’artiste à ses compatriotes, sur un ton de compassion désolée. Hélas ! de la désolation comme de la compassion, ce sont des données réversibles, à la manière des palindromes : on peut les lire dans un sens comme dans l’autre.

 

 

 


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