Recevez la lettre mensuelle de Politique Magazine

Fermer
Facebook Twitter Youtube

Article consultable sur https://politiquemagazine.fr

Macron-la-Mort

Leur dieu, c’est la mort. Voilà des décennies qu’ils la divinisent. Aujourd’hui, en 2025, c’est fait. Elle trône sur l’autel majeur du temple républicain. Elle y reçoit l’hommage des dévotions de toutes les autorités politiques, de toutes les institutions publiques.

Facebook Twitter Email Imprimer

Macron-la-Mort

Il n’est pas d’instances magistérielles, de dignitaires influents, de notables du régime qui n’aillent rendre leur culte de latrie aux pieds de ses autels et présenter leur culte de dulie et d’hyperdulie à tous les anges de la mort qui la servent diligemment dans les avortoirs et les mouroirs. Les quelques rares qui dans les sphères gouvernementales éprouvent une réticence quelque peu gênée, se réfugient dans le silence prudent ou l’expectative judicieuse autant qu’ambigüe.

Le législateur, en tant que tel, s’est totalement dévoué à cette Mort adorée. Il lui a consacré et lui consacre encore, tout au cours de ces derniers mois, l’essentiel de ses pensées, de ses réflexions, de ses discours, de ses envolées lyriques, de ses véhémentes supplications pour l’abrègement radical de toute souffrance, de ses émouvantes sollicitudes et compassions – que n’a-t-on entendu ? – envers le malheureux, en particulier le pauvre, l’orphelin, le malade, le mourant, le débile mental, le vieillard abandonné, tant de gens qui ne s’attardent que trop sur cette terre et dont la charité démocratique et législative va pouvoir enfin mettre un terme au mal-être exprimé, ou même seulement suggéré, ou même encore sous-entendu.

La Mort comme règle suprême

Nul n’est ignoré sous le regard si perspicace de la loi républicaine dont la sagacité, comme l’ont manifesté les débats parlementaires, s’exerce avec une remarquable acuité à déceler la moindre occasion de pouvoir offrir à cette super-déesse de la Mort son lot d’heureuses et consentantes victimes propitiatoires, le consentement étant considéré comme implicite au moindre signe approbateur. Entre la constitutionnalisation du droit primordial et absolu à l’avortement dans lequel se trouve compris implicitement et même explicitement une possibilité – et ce déjà depuis plusieurs années – d’interruption médicale de grossesse (dite IMG) jusqu’à neuf mois en cas dit de « détresse psychosociale », et la dernière loi votée à une large majorité à l’Assemblée nationale sur le droit à mourir dans la dignité, qui s’entend comme un droit au suicide assisté et une légalisation de l’euthanasie, il s’agit d’une recherche éperdue de tous les cas possibles de tuer, de faire mourir, d’exterminer la vie, de la plus naissante flamme d’un petit être humain jusqu’à la plus vacillante mèche encore allumée en ses plus ultimes moments. La loi, la constitution même – car l’euthanasie suivra l’avortement – s’ouvrent largement à toutes les extinctions possibles du moindre souffle vital. La République désormais y veille. Sauf, évidemment, dans l’immédiateté de l’heure, pour ceux qui font la loi et qui l’exécutent, et qui, bien sûr, se récompensent par leurs émoluments et autres indemnités rémunératrices de tant de labeurs et de combats, les restaurants et la buvette, aux frais de l’électeur, les payant de tant d’éloquence. Pas un seul, en rotant et en bavant de plaisir, ne pense qu’il aurait pu, lui aussi, y passer, à cette moulinette de la mort programmée.

Mieux encore, car le législateur songe à tout : il interdit, comme il se doit et corrélativement, toute tentative d’entraver l’œuvre de mort ainsi sacralisée et ritualisée, comme une atteinte blasphématoire, la rendant par le fait même obligatoire, sans échappatoire possible, sans dérobade légale, pénalisant la plus petite velléité non seulement de refus ou d’obstruction, mais même de passivité dans la participation à l’opération létale qui ne peut et ne doit être qu’active.

Là, le législateur français s’est dépassé dans l’exigence argumentée de son implacable souci d’égalité, assumée ainsi dans l’application d’une loi absolument universelle. Un droit est un droit ; le droit à mourir – car c’est dorénavant un droit, comme il a été dit, et plus qu’un droit, une obligation légale à collaborer à sa satisfaction et réalisation à partir du moment où il a été simplement évoqué –, est par ce procédé élevé au rang d’une norme supérieure qui s’impose de soi et par nature. Il faut bien comprendre la loi qui est fort claire sur le sujet. C’est la dignité de l’homme qui se révèle légalement, et déjà, pour ainsi dire, constitutionnellement, dans l’exercice d’un tel droit à la Mort.

Foin de la conception de la mort comme limite, comme épreuve, ou comme châtiment d’un péché d’origine, bref comme inscrite dans la condition humaine actuelle, à la fois admise, acceptée, intégrée psychologiquement, comprise ontologiquement et spirituellement. Ce que l’Église avait su faire et admirablement enseigner dans sa prédication et son cérémonial. Il est bien évident que c’est volontairement qu’est totalement remis en cause ce qui a constitué la plus profonde certitude de l’humanité christianisée, qui s’est traduite en chefs-d’œuvre multiples de vie et de civilisation. La vie et la mort étaient le double aspect du mystère de l’homme que le Verbe fait chair avait lui-même expérimenté, assumé et spiritualisé en vue de la Vie éternelle. La mort passagère s’ouvrait sur la vraie vie. C’est ce que la nouvelle loi veut définitivement écarter, nier, abolir.

La « Mort morte », comme disaient les vieux théologiens, ou cette « seconde mort » dont parle le livre des révélations, devient dans cet esprit la finalité de l’homme et du monde. Et, donc, le seul Absolu. La dignité de l’homme n’existerait que dans ce cadre ; elle s’exercerait dans le droit revendiqué à mourir comme on l’entend. Ainsi, la notion de dignité qui ne doit et ne peut être qu’accolée à la vie humaine naturelle et surnaturelle, même au moment de la mort, se trouve légalement fixée sur la mort en tant que telle, dans ce qu’elle est pour cette conception matérialiste ; soit : une privation de vie, une décomposition en vue d’une disparition définitive.

Insulte à la Vie

Le retournement de conception est une prodigieuse insulte à la Vie, à l’Auteur de la Vie, à Celui qui se définit comme la Vie et la Vérité de la Vie. Insulte voulue et programmée comme les blasphèmes qui ont ponctué le spectacle inaugural des Jeux olympiques. Tout cela pensé par les mêmes gens qui prennent les Français pour des imbéciles à qui il est possible de faire croire les pires insanités pourvu qu’elles aillent bien à l’encontre de toute foi catholique et française.

L’unique problème est là. La France est dirigée, menée par des groupuscules de fanatiques qui ne pensent qu’à détruire – déconstruire comme ils disent dans leur fausse science – l’histoire de France, la religion catholique, le patrimoine national et chrétien. Une partie de notre malheur vient de ce que des hommes d’Église ont laissé trop de prise, et depuis trop longtemps, à cette engeance et aux idée misérables de cette engeance.

Ils sont nos maîtres, ceux qui idolâtrent la Mort. Ils en profitent. Ils exercent leur domination, en imposant partout leur législation de mort et en tous domaines. Celui qui s’y refuse, qui la récuse à quelque titre que ce soit, qui cherche à y échapper ou à lui soustraire un proche ou une personne qui lui fait confiance moralement, voire médicalement, se trouve stigmatisé pour atteinte à la dignité. Il faut le faire ! Ce serait donc la loi de la République, et elle seule, qui définirait la dignité et, donc, l’indignité ! Nous sommes en présence d’une substitution de religion. Ne pas le voir, c’est s’aveugler. S’imaginer que, dans de telles institutions ainsi manipulées et orientées, il serait possible d’œuvrer au bien public relève de l’illusion qui, à un certain degré, devient complice et coupable. Car les conséquences sont d’une extrême gravité. Sera qualifié d’indigne tout geste qui ira dans le sens de la vie et, à l’inverse et réciproquement, d’éminemment digne tout acte qui favorisera la mort. La Mort morte. La Mort de tout, la décomposition de tout ce qui fait la vie, oui, tout.

Il paraît que ce serait les fruits de la culture « woke » et qu’elle nous viendrait des États-Unis. Sans doute. Mais chez nous cette culture a fait florès, il y a déjà longtemps, dans la suite de nos révolutions, dont celle de 1968, et dans le cadre de nos institutions républicaines qui prétendent éduquer le peuple mentalement et moralement dans un esprit totalitaire. Au fond, jamais la République ne s’est mieux définie elle-même que dans ces lois de Mort. Elle est la Mort. Presque substantiellement, si le mot substance est applicable à un tel néant d’être et de vie.

Il est des monarchies, dira-t-on, qui connaissent les mêmes législations – et même avant. Certes, mais chacun comprend bien que de tels vœux de mort ne sont pas dans l’esprit d’une royauté, surtout en pays chrétiens, et que ces lois sont dues à la même pression politicienne qui domine dans ces pays comme chez nous, en république. Les royautés se sont laissé envahir et pervertir par l’esprit républicain et révolutionnaire. Mal leur en a pris.

Idolâtrie de la Mort

Chez nous, le président, chef de l’État, bien que minoritaire et même aujourd’hui archi-minoritaire, s’est fait le chef de file de cette subversion. S’il a un projet de référendum, ce serait sans doute sur le sujet d’un acquiescement du peuple à sa loi de mort. C’est sur son initiative qu’a été constitutionnalisé l’avortement. Sa principale fierté est d’en avoir fait une loi suprême de la Nation.

Fier de quoi ? D’enfants tués par centaine de milliers – de 200 à 300 000 par an – dans des conditions atroces, épinglés, transpercés, déchiquetés, écartelés, aspirés. Ces innocents n’ont commis que le crime de se préparer à la vie et le président de la République les a condamnés à la mort, en réussissant à faire croire, avec tous ses congénères de la même République de Mort, que les femmes se libéraient en devenant maîtresses de leur corps, alors qu’elles ne font que satisfaire à l’égoïsme congénital, singulièrement des hommes, ce que les gens avertis savent pertinemment, et que sacrifier à l’instinct de mort qui commande aujourd’hui la société tout entière. Nul ne peut mesurer les énormes dégâts psychologiques et sociaux de telles contre-vérités.

Et pendant qu’on tue des centaines de milliers de petits Français, qu’on s’apprête à supprimer les vieillards et les handicapés, la société française s’écroule, envahie de tous les côtés, là aussi par centaines de milliers, maintenant par millions. C’est la France elle-même qui est bradée par des dirigeants qui la méprisent et la vouent à la disparition et à la mort. Le désordre y est général et la mort omniprésente. Les enfants en sont à se tuer entre eux !

Restaurer Notre-Dame de Paris ne fut dans l’esprit de Macron que du chiqué pour couvrir sa pensée qui est ailleurs et qu’il a parfaitement exprimée quand il s’est adressé, comme une sorte de prophète, aux maçons de la Grande Loge de France. Il s’est institué le pontife de la République, aussi ridicule que monstrueux. Il a révélé le ressort de son action, au diapason de ses auditeurs. Il s’imagine faire son malin dans une société qui « fout le camp » de partout et croit être quelqu’un qui joue dans le monde et en Europe un rôle décisif !

Si une telle loi est définitivement adoptée, voilà des enfants, bientôt des jeunes gens et des jeunes filles, des malades, des vieillards qui vont être sacrifiés à la divinité de la Mort. Comme jadis à Baal, à Moloch, à Tezcatlipoca, à Viracocha ou aux vieux dieux mésopotamiens, indiens, chinois, japonais… Cette vieillerie mortifère, c’est ce que Macron appelle « l’humanisme moderne » dont se repaît la République. L’avenir du monde, paraît-il ! L’horizon indépassable de Macron-la-Mort.

 

Illustration : Macron dans sa cathèdre pontifie dans le culte de la Mort.

Facebook Twitter Email Imprimer

Abonnez-vous Abonnement Faire un don

Articles liés

Tribunes

Du Pape

Du Pape

Par Hilaire de Crémiers

Le pape François est décédé. L’heure est maintenant à son successeur. Quand paraîtront ces lignes, il ne sera pas encore élu, mais sur le point de l’être par le collège des cardinaux – naguère appelé Sacré-Collège –, réuni en conclave, du moins ceux qui sont habilités sous conditions d’âge – moins de 80 ans –, et bien sûr en état, soit un peu plus de 130. Sa désignation publique comme pape suivra son acceptation selon les formules précises que les textes en vigueur – les dernières constitutions et les motu proprio sur le sujet – maintiennent dans l’ordre requis.

Tribunes

Printemps

Printemps

Par Claude Wallaert

Le thermomètre tourne encore autour de zéro, les petits matins sont blancs de givre, mais le printemps bouscule déjà le vieil hiver ; le soleil chasse plus tôt la nuit et se couche à regret ; parmi l’herbe, les perce-neige faiblissent et se fanent, tandis que d’insolentes primevères poussent leurs petites têtes ; les forsythias explosent en soufre presque tous en même temps dans les jardins, et les jonquilles, ici et là, balancent leurs gracieuses corolles orange et citron.